Les Baléares

 

              

   
        Situation géographique

Les Baléares sont formées de trois îles principales Minorque, Majorque,Ibiza et d'une petite île Formentera.
Elles sont situées face à l'Espagne et à peu près équidistante de la côte Marseillaise et des îles de Corse et de Sardaigne.
En voilier, il faut naviguer deux nuits à partir de Marseille et une seule à partir de la côte espagnole.
Majorque, la plus grande à une superficie de 3640 km² ,Minorque de 689 km² et Formentera une surface que nous avons pu parcourir en vélo.

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   Aperçu historique

Les premières trace d'occupation humaine ont été trouvées dans une grotte de Majorque. Elles remontent à +- 4000 avant J-C . Les premiers habitants, qui venaient de la péninsule ibérique, étaient des chasseurs- cueilleurs qui vivaient dans des grottes.
Vers 3000 avant J-C, ils commencèrent à construire des maisons de pierre, à cultiver et pratiquer l'élevage. Vers 1200 avant J-C apparurent de grandes structures de pierres appelées talayots, qui servaient de chambres funéraires. Les traces de cette occupation sont encore très présentes sur l'île et constituent  un des but de visite. D'autres constructions encore visibles sont les taulats, énormes blocs de pierre qui posent autant de questions que les menhirs de Bretagne;comment une peuplade a-t-elle pu, il y a 3000 ans, ériger des monuments aussi gigantesque, et quel est leur rôle ( temples astraux, autels de sacrifices)?
Nous avons d'ailleurs déjà rencontré semblables constructions lors de croisières précédentes en Sardaigne, les nuraghes. Ce qui suppose une communication de navigateurs entre les îles de la méditerranée( Corse, Malte, Crète,...).

De l'époque historique suivante, longue de près de mille ans, il ne reste que peu de trace.
Pendant mille ans, la méditerranée à été le théâtre de guerres commerciales entre les Crétois, les Grecs, les Phéniciens( actuel Liban), les Carthaginois (Afrique du nord et les empires Romains). Au début, les marins préféraient naviguer le long des côtes et les îles furent peu impliquées mais, avec l'amélioration des techniques de construction navale et de navigation, les Grecs et Phéniciens purent fonder des comptoirs et de petites colonies. De l'empire carthaginois, restent la plupart des ports importants des îles( Mahon doit son nom au frère d'Hannibal, Mago, qui débarqua en 206 avant J-C).

Le nom des Baléares vient du grec ballein (lance-pierre). Les autochtones se défendaient en effet en lançant des pierres et des projectiles enflammés. Ils portaient un lance-pierre en main, un second attaché à leur taille et un troisième autour de la tête. Des milliers de ces tireurs furent recrutés par l'armée carthaginoise mais ils ne purent empêcher l'armée romaine de débarquer en 123 avant J-C.

 
  Une légende

Autrefois, les parents plaçaient la nourriture en haut des arbres. Les enfants qui savaient la décrocher à l'aide d'un lance-pierre mangeaient, les autres non.
C'est peut-être une méthode à méditer par vos professeurs d'éducation physique!!


De l'occupation romaine viennent les noms des îles.Balearis Major et Balaris Minor( Majorque et Minorque).
A la suite de la dislocation de l'empire romain, les îles passèrent sous le contrôle des Goths, Vandales et enfin Byzantin en 534 pour plus de trois siècles.

Les noms de l'île

Les grecs baptisèrent l'île Meloussa ou île du bétail. les phéniciens Nura, l'île du feu, les maures,Minurka,..

 


   Les Baléares sous l'occupation des Maures (848-1229)

De cette époque pourtant déterminante pour l'histoire de l'Espagne, il ne reste quasi aucune trace, aucun bâtiment.Seul la toponymie (noms des lieux) est restée, ceci s'explique par l'occupation des terres agricoles par les arabes bien après la reconquista.
Il semblerait que les espagnols aient voulu jeter aux oubliettes cette partie de leur histoire.
Nous en parlerons plus longuement lors de l'étape Maroc, où les "andalous" sont encore très présent avec leur quartier, leur musique, leur artisanat,...

Pendant des milliers d'années, l'Afrique du nord à été dirigée par des étrangers (Phéniciens, Romains, Byzantins) jusqu'à la prise du pouvoir par les arabes musulmans au VII siècle. Les mœurs, la langue et les croyances latines (le christianisme) sont remplacés par l'islam. Les habitants convertis sont appelés les Maures.
Après l'invasion de l'Espagne par les Arabes, les califes (gouverneurs et chefs) se contentèrent, pendant plus d'un siècle d'accepter le tribut des Baléares mais en 848, ils envoyèrent une flotte pour réprimer les rébellions et, pour la première fois, instaurent l'appartenance des Baléares à l'Espagne,  jusque là considérées comme un pays distinct. Il faudra attendre 1229 pour que Jacques I d'Aragon, lors de la Reconquista, donne les Baléares à l'Espagne.

 


      dra.pir.BMP (452802 octets)           Les Baléares et les pirates.

Les Baléares ont depuis toujours dû se défendre contre des envahisseurs mais aussi contre des pirates de toutes nationalités,
attirés par les richesses commerciales, tissus, épices,... Parfois il s'agissait de simples coup de main pour approvisionner le bateau. Quelques expéditions particulièrement audacieuses sont restées en mémoire. En 1535, l'amiral et pirate turc Keir-ed-dim plus connu sous le nom de Barberousse, entre avec ses hommes dans le port de Mahon, grâce à la trahison d'un minorquin.
Barberousse met la ville à sac et repart avec 800 prisonniers pour en faire des esclaves.
En 1558, l'amiral turc Pialli rase la ville et emmène les 3500 habitants. L'époque n'était pas très sûre!   

 


    Les Baléares sous l'occupation Anglaise.         britain.BMP (172078 octets)

C'est de cette époque que nous trouvons le plus de traces,noms de rues, architecture des maisons particulières, constructions militaires et maritimes, distilleries de gin local et même occupation pacifique de touristes anglophones.
Lors de l'effondrement de l'empire espagnol en 1700 quand Charles II meurt sans héritier, la Grande-Bretagne toujours à la quête de base pour sa puissante flotte, s'amarre dans le port de Mahon, ils y resteront un siècle.

     Mayonnaise
Le cadeau culinaire de Minorque au monde est la mayonnaise, du nom de port Mahon où elle fut inventée.
Elle est faite à base d'huile d'olive, de jaune d'œufs et d'une touche de jus de citron , relevée d'un peu de poivre noir et de sel de mer, d'ail ou d'herbes fraîches.

Nos lectures, "Maître à bord" de Patrick O Brian  Édition Pocket.



  La vie économique

Le compositeur polonais Frédéric Chopin et l'écrivaine française George Sand séjournèrent à Majorque. Ils firent connaître l'île au monde extérieur et en particulier à la haute société.Le tourisme de haut de gamme ne cessa de s'y développer et de luxueux hôtels furent construit à partir de 1903. Après les troubles du franquisme, une série de prêts américains dans les années 1950 relancèrent l'économie espagnole et l'argent fut investi à flot dans le tourisme. Des armées de promoteurs et de voyagistes réussirent en peu de temps ce que les différents conquérants n'avaient jamais pu réaliser, la destruction du mode de vie et des valeurs des habitants. Le littoral n'a pas été épargné et certains endroits ne sont plus q'une suite d'immeubles sans cachet.
Actuellement les Baléares et plus particulièrement Minorque évoluent vers un tourisme plus "vert" et de puissant groupes de pression veillent à préserver les derniers sites naturels et à imposer un urbanisme plus intégré au paysage. Ce qui ne nous a pas empêché d'accoster le long de véritables cordons d'immeubles de 10 à 15 étages nouvellement construit ou en chantier.
Le niveau de vie des habitants est un des plus élevé d' Espagne et toute l'activité économique, l'agriculture, les industries sont orientées vers le tourisme. Une section tourisme existe d'ailleurs à l'université et fait référence.
Nous retrouvons ici un mode de vie comparable au nôtre et l'absence de dépaysement explique peut-être le succès de cette destination pour des vacances tout repos ou pour un hivernage plus confortable des retraités.Nous retrouverons les mêmes conditions aux Canaries lors d'une étape ultérieure.

 

 

La langue

l'usage des langues dans les endroits touristiques posent rarement problème vu le caractère cosmopolite de la population touristique et, à moins de ne s'accrocher qu'à sa langue ou à son dialecte( bien que j'ai reconnu quelques expressions bien du borinage), on parvient très bien à s'exprimer dans la langue commune la mieux parlée avec l'ajout de mots de français, d'anglais ou d'espagnol.
La majorité des habitants parlent le castillan (l'espagnol) mais conversent entre-eux en majorquin ou  minorquin, dialectes dérivés du catalan.


Le catalan
Environ six millions de personnes parlent le catalan: aux Baléares, en   Catalogne, en Andorre, de Barcelone à Valence et dans les Pyrénées-Orientales. Les Français et les Italiens comprennent beaucoup de mots catalans qui est une des langues romanes les plus pures.

 

 

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Aperçu du territoire.

Gibraltar est un territoire britannique largement autonome qui possède un statut particulier qui lui permet d'avoir un pied dans l'Europe et ses avantages et de ne pas trop en subir ses inconvénients. Une de ces aberration historique et financière de notre communauté!.
Il comprend le cap rocheux appelé le rocher de Gibraltar (autrefois Calpé), qui forme l'extrémité sud de la péninsule Ibérique et ainsi contrôle l'entrée occidentale de la Méditerranée et l'isthme étroit et sablonneux où l'aéroport est installé en travers de la route qui relie le rocher au continent et est une zone neutre séparant la dépendance britannique de l'Espagne. La superficie de Gibraltar n'est que de 5,8 km2 et la plupart de la surface du rocher n'est pas habitable, sa face méditerranéenne est d'ailleurs aménagée en un gigantesque récupérateur d'eau qui doit pouvoir assurer l'autonomie de la population. La ville ancienne est adossée au rocher et enfermée dans d'épais rempart,  la plupart de ses bâtiments sont en mauvais état ce qui contraste avec sa réputation de place financière. La ville plus récente sans être moderne occupent le moindre terrain restant même parfois gagné sur le port ou la mer, ce sont immeubles à habitations pas très esthétiques et pourtant d'un loyer exagérément élevé.
La population n'est que de +- 40000 habitants. Mais sa densité est de 5 194 habitants au km2. La plupart des civils sont d'origine espagnole, portugaise, italienne, maltaise,indienne ou anglaise et ce mélange nous a étonné après l'acceuil très British de la douane et de l'immigration..

La langue officielle est l'anglais, bien que l'espagnol soit largement répandu et je dois signaler une curiosité à laquelle je n'étais pas préparé, c'est l'emploi du Gibraltarien un mélange d'anglais et d'espagnol très utilisé ici.

Économie et gouvernement

En raison des ressources naturelles insuffisantes, les principaux facteurs de développement économique sont l'industrie alimentaire (principalement la fabrication, la vente d'alcool et de tabac), le tourisme ( tourisme d'un jour pour profiter des produits hors taxe) et l'industrie nautique. Les concessions de jeu attirent aussi les touristes. Le port de l'amirauté est une forteresse et base navale stratégique d'une grande importance.
La monnaie, livre de Gibraltar, est égale à la livre sterling mais avant de partir nous avons du échanger les livres de Gibraltar qui n'ont cours qu'ici.

Gibraltar est sous l'administration d'un gouverneur représentant la Couronne britannique. Environ 1 800 soldats britanniques sont stationnés à et une importante activité militaire est bien visible, survol du périmètre par des avions de chasse,sortie de vedettes rapides et surtout surveillance de l'immigration clandestine du Maghreb et de l'Afrique . Toute la côte est quadrillée par des patrouilles en vedettes, zodiac et  puissants jet-ski, ce jeu du chat et de la souris à pour but d'intercepter les clandestins avant l'entrée dans le territoire et de les refouler( le passeur est arrêté) car plus tard, les formalités d'expulsion sont beaucoup plus longue. Les douaniers rencontrés nous ont assuré venir fréquemment en aide à des immigrés lâchés à proximité des côtes par des passeurs trop pressés et les noyades ne sont pas rares.

  Histoire                            britain.BMP (172078 octets)

Gibraltar et l'ancien Abyla (aujourd'hui le mont Acho à Ceuta, enclave espagnole au Maroc) constituaient les Colonnes d'Hercule, qui furent signalées au moyen de colonnes d'argent par les marins phéniciens pour indiquer les limites de la navigation en eaux sûres aux peuples de la Méditerranée.
Premier endroit du débarquement musulman en Espagne, le rocher de Gibraltar doit son nom à Jabal al-Tàriq (en arabe, montagne de Tariq) en l'honneur du général musulman Tàriq ibn-Ziyàd , qui envahit l'Espagne en 711. Nous avons pu suivre cette conquête aux Baléares.
Après le sac de Gibraltar par le corsaire  Barberousse (encore lui) en 1540, de puissantes défenses furent aménagées sur le rocher sur l'ordre de l'empereur Charles Quint. Le 24 juillet 1704, pendant la guerre de Succession d'Espagne, Gibraltar fut pris par les forces alliées anglaises et hollandaises. Le commandant anglais en prit possession au nom de la reine Anne. Neuf ans plus tard, l'acquisition fut officialisée par le traité d'Utrecht. Les anglais avaient ,avec les Baléares, un contrôle sur la navigation dans cette partie de la méditerranée.

Durant la phase européenne de la guerre d'Indépendance américaine, l'Espagne, en guerre contre le Royaume-Uni, érigea un blocus rigoureux contre Gibraltar (1779-1783). Le 14 septembre 1782, les Britanniques détruisirent les canons des flottes des assiégeants français et espagnols. En février 1783, la signature des préliminaires de paix mit fin au siège. Le cap de Trafalgar vit la victoire de la marine britannique sur des forces franco-espagnoles en 1805. Le rôle stratégique du détroit a décliné, mais il reste une voie de passage commerciale importante.En 1830, Gibraltar devint une colonie britannique.Par la suite, l'Espagne a revendiqué  à maintes reprises la souveraineté sur le territoire. Le refus de l'Angleterre et des habitants du rocher, largement autonomes à entraîné de vives tensions entre les deux pays.
Plus récemment, en1969 l'Espagne ferma ses frontières aux 5 000 ouvriers espagnols qui se rendaient à Gibraltar pour leur travail. De ce fait, la dépendance, soutenue par la Grande-Bretagne diversifia son économie qui bénéficia du développement du tourisme et surtout d'une augmentation des dépenses militaires.

Ce n'est qu'en février 1985, pour la première fois depuis seize ans que la frontière avec le territoire espagnol fut réouverte. Encore actuellement, le passage de la frontière n'est pas si facile et il n'est pas rare de devoir attendre plusieurs heures. Les travailleurs espagnols laissent leur voiture en Espagne et passent la frontière à pied.


Le détroit de Gibraltar
C'est un bras de mer séparant l'Europe de l'Afrique et reliant la mer Méditerranée, à l'est, et l'océan Atlantique, à l'ouest. Sa largeur minimale est d'environ 15
 km, pour une longueur de 60 km et une profondeur de 250 m. Un courant profond de direction ouest charrie les eaux fortement salées de la Méditerranée. En surface nous rencontrons pour la première fois en méd. un fort courant dû en partie aux marées de l'atlantique (+-2m contre+- 50cm en méd.) mais aussi à une différence de niveau, l'évaporation étant plus importante en méd. Ces courants transportent beaucoup de plancton et d'algue et nous avons pu observer à cet endroit plus de poissons et de mammifères marins qu'en méd. en plusieurs années de navigation. L'ensemble du bassin méditerranéen est malade de sa pollution et de la pêche intensive pratiquée et s'il n'est pas trop tard, d'énergiques mesures doivent être prises. Nous avons souvent vu des pêcheurs revenir avec l'équivalent d'un sceau de petits poissons pour une nuit de travail, seules les subventions européenne ou nationale peuvent les faire vivre. L'avenir semble appartenir aux fermes d'élevage que l'on rencontre encore trop rarement.

Gibraltar et la finance

En arrivant j'ai été étonné par l'absence de grandes banque ou de grandes sociétés financières alors que Gibraltar est un de nos paradis fiscaux. En fait, ces sociétés ne sont que des boîtes aux lettres et un immeuble vétuste peut être le siége de plusieurs dizaines ou centaines de ces sociétés. Un des mécanisme pour ne pas payer de taxe dans son pays pour des achats importants( intéressant au dessus de 5.000.000) est de créer une société à Gibraltar ( un homme de lois s'en charge pour vous) et d'acheter le bien via la société  sans taxe ,CQFD . Nous rencontrons ainsi de nombreux bateaux de luxe, sous pavillon de Gibraltar mais avec des propriétaires de toute l'Europe .Inutile de préciser qu'en cas de disparition de ce paradis-ci, d'autres sont prêt à prendre la relève ( panama,...).

 

 

 

 

LE MAROC      Morocco.gif (1079 octets)

 

         

Lors de notre première escale, à Tanger le choc a été important pour tout l'équipage, passer en une journée de l'Europe et son organisation, ses magasins aseptisés au port de pêche, à la médina et aux souks, c'est prendre la machine à remonter le temps et se replonger quelques siècles en arrière. Dès la sortie nous sommes frappés par le nombre de jeunes désœuvrés qui attendent, mais quoi?
Par la suite, chaque visite, chaque changement de région a apporté son lot de questions parce que le Maroc est resté traditionnel et que nous sommes certainement habitués à une uniformisation de méthode de travail ou de mode de vie à l'européenne.
Les réponses à notre étonnement, nous les avons recherchées dans l'histoire mais aussi dans l'organisation géographique du pays et enfin dans les chiffres de la démographie et de l'industrie.
Le Maroc est un pays attachant mais qui demande du temps pour être compris et apprécié.

Beaucoup d'Histoire

Dans cette Première partie de notre voyage(les Baléares, l'Espagne et Gibraltar, l'histoire du Maroc revient en permanence et malgré la petite introduction du chapitre précédent, voici développée cette histoire riche en rebondissement et étroitement liée à la nôtre.
Elle explique aussi les rapports qui existe actuellement entre des populations d'origine tellement éloignée que les lointains arabes et les berbères.

Les origines

Le Maroc est riche en vestiges paléolithiques Ces sites ne sont pas assez protégés ni exploités touristiquement dans le sud et nous avons pu avoir accès à plusieurs d'entre eux librement. Le pillage de ces sites doit être une triste réalité.
Les populations qui s'installèrent peu après dans la région étaient probablement originaires d'Europe et d'Asie, et donnèrent naissance aux ancêtres des Berbères. On sait peu de choses de ces peuples, dont la langue dite Libyque est quasi indéchiffrable et présente des similitudes avec celle des Touaregs.
L'histoire du Maroc est d'abord celle d'établissements étrangers dans les zones littorales. Les Phéniciens fondèrent des comptoirs de commerce sur la côte méditerranéenne d'Afrique du Nord au VIIe siècle av. J.-C. sur des sites portant des noms d'origine berbère et devenus de grands ports, tels Tingi (Tanger), Casablanca ou Russadir (Melilla). Bien que l'on attribue aux Carthaginois l'introduction du fer et la culture de la vigne, la civilisation phénicienne resta marginale, et son influence semble ne pas avoir beaucoup pénétré à l'intérieur des terres où des royaumes berbères furent fondés : celui de Maurétanie, apparu au IVe siècle av. J.-C. dans le nord du Maroc, et celui des Masaesyles, à l'est.

Rome et Byzance

La conquête de Carthage par l'Empire romain au IIe siècle av. J.-C. assura aux Romains la domination de tout le littoral africain baigné par la Méditerranée jusqu'au détroit de Gibraltar.
De cette époque date pratiquement le partage territorial du Maghreb entre ce qui, plus tard, allait devenir le Maroc et l'Algérie. Les Romains s'allièrent avec Bocchus, le roi berbère qui régnait sur toute la région à l'ouest de la Moulouya, pour briser la résistance de son gendre Jugurtha, qui dominait l'Algérie. Jugurtha fut vaincu définitivement en 105 av. J.-C. Durant la période romaine, la région fut mise en valeur : des routes furent construites, des villes, telle Volubilis, furent fondées. L'agriculture se développa, tandis que le commerce prospérait.
De 25 à 23 av. J.-C., Juba II, un souverain berbère, administra la Maurétanie (Algérie, Maroc). Vers 42 apr. J.-C., l'empereur Claude Ier annexa l'ensemble de la Maurétanie à l'Empire romain!; elle fut divisée en deux provinces, séparées par la Moulouya : la Maurétanie Tingitane (de Tanger), correspondant au Maroc actuel, et que dirigea le fils de Juba, Ptolémée, et la Maurétanie Césarienne (l'Algérie). Les Romains, qui ne contrôlaient véritablement que la partie septentrionale du pays (Volubilis) en raison de l'hostilité des montagnards berbères, se replièrent sur la région de Tanger, qui fut rattachée, sous le règne de Dioclétien, à l'Espagne méridionale (285).
En 429, le Maroc subit l'invasion des Vandales, qui se fondirent dans les populations locales. Le général byzantin Bélisaire reprit la région en 533 et y imposa les lois de l'Empire byzantin. Néanmoins, cette reconquête fut limitée dans l'espace, seul le Nord fut solidement tenu.

     La conquête arabe                                      M.garde.jpg (38404 octets)

Après la conversion de l'empereur Constantin Ier le Grand, au IVe siècle, le christianisme s'était développé dans les régions romanisées, c'est-à-dire essentiellement les villes et les plaines côtières. Cependant, ces régions qui supportaient mal l'omnipotence des fonctionnaires de l'Empire et l'extrême centralisation du système, allaient faire bon accueil aux idées d'indépendance financière et commerciale apportées par l'islam.
Il semble que, dans leur offensive contre les Byzantins, les troupes arabo-musulmanes conduites par Oqba ibn Nafi atteignirent l'Atlantique dès 681. Mais les tribus berbères montagnardes (confédération des Masmouda, établis dans le Haut-Atlas occidental, l'Anti-Atlas, le Rif et les plaines atlantiques, des Sanhadja, du Moyen-Atlas, et des Zenata, du Maroc oriental), qui n'avaient pas plus accepté la domination de Byzance que celle de Rome, les obligèrent à se replier.
La véritable conquête débuta une vingtaine d'années plus tard, entre 705 et 707, sous la direction de Musa ibn Nusayr qui sut habilement jouer des clivages entre tribus berbères. Prônant l'égalité entre tous les croyants, les tenants de la nouvelle religion manquaient de cadres administratifs, ils les trouvèrent souvent chez les "mawalis" (affranchis, clients), lettrés chrétiens et juifs autochtones, des Berbères pratiquant le judaïsme, dont beaucoup finirent par se convertir, échappant ainsi à l'imposition qui touchait les gens du Livre, chrétiens et juifs, protégés par l'islam, mais soumis à des taxes pour compenser l'interdiction qui leur était faite de porter les armes. L'implantation arabe fut cependant longue et difficile.
Plusieurs dynasties musulmanes, se référant pour des raisons religieuses et de prestige à une origine arabe, régnèrent alors sur le pays. Pourtant, la résistance à l'islamisation et à la domination arabe fut vive dans certaines régions berbères. Elle prit notamment la forme du kharijisme, un mouvement musulman contestataire s'appuyant sur une stricte lecture du Coran et récusant le mode de succession au califat, qui privilégiait l'appartenance à la lignée du Prophète ou à celle des premiers compagnons (Ansars). En 742, une révolte ébranla les montagnes marocaines. Dans le Tafilalet (région actuelle d'Erfoud, dans le Sud-Est), un royaume kharijite subsista longtemps avec pour capitale Sijilmassa, comptoir commercial au croisement des routes d'échanges entre les empires de l'Afrique noire — Ghana puis Mali — et le monde musulman.
En 788, Idris Ier, descendant d'Ali, gendre du Prophète, qui avait fui l'Arabie, fonda la dynastie des Idrissides. C'est de cette époque que date la fondation de la ville de Fès, qui devint un important centre religieux et intellectuel sous le règne d'Idris II. À sa mort en 828, le royaume Idrisside entra dans une période de déclin. Alors que l'Est subissait les raids des nomades, les Fatimides chiites d'Égypte et les Omeyades de Cordoue, profitant des divisions internes qui affaiblissaient la dynastie, rivalisaient pour étendre leur domination sur le Maroc. Les Fatimides portèrent le coup fatal à la dynastie Idrisside en 917, le redressement se produisit depuis le Sahara.

Les premières dynasties berbères

Les Almoravides (de l'arabe al-Murabitun) ,dont le mouvement était né dans le sud de la Mauritanie actuelle parmi les nomades Sanhadja, allaient dominer la région à partir de 1062, date à laquelle ils fondèrent Marrakech, au carrefour des routes commerciales entre le monde arabe et le Sahara. Leur expansion se fit à la fois en direction de l'Espagne musulmane et de l'Afrique noire. En 1086, ils battaient, à Zellaca, le roi Alphonse IV. Au sud, ils emportaient, en 1077, une victoire décisive sur l'empire du Ghana, prenant ainsi le contrôle du commerce de l'or.
Au début du XIIe siècle, l'empire almoravide comprenait l'Espagne musulmane, le Maghreb occidental et central ainsi que le Sahara. Mais un nouveau mouvement réformateur, lancé par Ibn Tumart dans la première moitié du XIIe siècle, se dressa contre eux. Ce dernier luttait contre toute déviation et prêchait l'unicité de Dieu. La venue au pouvoir de ses disciples, les Almohades (de l'arabe al-muwahhidun, les Unitaires) en 1147, marqua le triomphe des Berbères sédentaires de l'Anti-Atlas sous l'égide d'Abd al-Moumin (1130-1163). À l'apogée de leur puissance, les Almohades exercèrent leur autorité sur l'actuelle Algérie, la Tunisie, la Libye, ainsi que sur une partie du Portugal et de l'Espagne. Le Maghreb musulman en profita pour se libérer également de la tutelle de l'Orient.
En 1212, la bataille de Las Navas de Tolosa, sur le sol espagnol, au cours de laquelle les armées chrétiennes vainquirent les troupes musulmanes, marqua le début du déclin des Almohades et de l'Espagne musulmane. Les Beni Merin, des Berbères arabisés qui avaient été poussés vers le sud du Maroc par les invasions arabes, en profitèrent pour se soulever. En 1269, les Mérinides parvinrent à s'imposer sur le trône, ils fixèrent leur capitale à Fès, qu'ils firent doubler par une nouvelle cité, Fès el-Djedid (Fès-la-Neuve). Les Mérinides ne purent cependant maintenir l'empire maghrébin des Almohades. Ils perdirent le contrôle des routes sahariennes et s'engagèrent dans de coûteuses opérations militaires dans la péninsule Ibérique, luttant contre l'avancée des princes chrétiens ou prenant parti dans les conflits entre princes musulmans. La Reconquista ("reconquête") gagna bientôt le territoire marocain lui-même. Espagnols et Portugais se partagèrent les côtes en zones d'influence : les rivages méditerranéens revinrent à l'Espagne, et le littoral atlantique échut au Portugal. En 1415, le port de Ceuta fut pris aux musulmans andalous par les Portugais. Melilla tomba aux mains des Espagnols en 1497.

Les dynasties chérifiennes

La progression des Européens provoqua le sursaut des Beni Saad (ou Saadiens). Se réclamant de la lignée du Prophète, ces chérifs, ou chorfas (titre donné par les musulmans aux descendants de Mahomet par Ali et Fatima), étaient établis au sud, dans la vallée du Sous, autour de Taroudant. Ils menèrent la guerre sainte (voir Djihad) contre les Portugais, qu'ils chassèrent d'Agadir en 1541, puis de Safi. Ils s'attaquèrent ensuite aux successeurs des Mérinides, les Wattassides. En 1549, ils s'emparèrent de Fès. Les Wattassides demandèrent l'aide des Turcs présents en Algérie, mais les Saadiens se rendirent maîtres du pays en 1554.
Prudents, les sultans Saadiens adoptèrent une politique d'équilibre entre les Turcs ottomans et les Occidentaux. En 1591, les Saadiens, souhaitant obtenir les mines de sel du Sahara et l'or du Soudan, lancèrent une expédition à travers le désert contre l'Empire Songhaï, établi dans la vallée du Niger. Le sultan Ahmad al-Mansur n'en retira pas l'argent espéré, mais, par la suite, les nationalistes marocains allaient s'appuyer sur cette conquête pour revendiquer toute la région comprise entre le Maroc et les rives septentrionales du Niger (Nord-Mali) et du Sénégal (Mauritanie). Le pays bénéficia de l'immigration de près d'un million de Maures et de juifs expulsés d'Espagne après 1492. Le Maroc saadien était unifié et relativement prospère, l'architecture et les arts marocains connurent un essor notable à cette époque.
Peu après l'arrivée des premiers Saadiens d'Arabie, des immigrants se réclamant de la descendance d'Hassan, l'un des deux fils d'Ali, s'étaient installés dans le Tafilalet, aux portes du désert. Utilisant le prestige que leur accordait cette ascendance alaouite, ils s'appuyèrent sur le désir d'indépendance des habitants de la région pour se poser en prétendants au trône. En 1664, Moulay Rachid fonda la dynastie alaouite, qui règne encore de nos jours sur le Maroc.
La dynastie connut son apogée sous Moulay Ismaïl (1672-1727), le bâtisseur de Meknès. Il s'engagea dans la reconquête du pays sur les chrétiens (Espagnols et Portugais occupant des ports) et mena la lutte contre les Ottomans. Son règne fut suivi d'une longue période de rivalités familiales, ponctuées de brefs interludes de paix et de prospérité relatives.
À la fin du XVIIIe siècle, seul le tiers septentrional du Maroc restait sous l'administration du sultan : c'était le Bled el-Maghzen, pays soumis à l'impôt, donc à l'autorité chérifienne, tandis que le reste du pays se trouvait en situation de quasi-insoumission (Bled el-Siba, pays de la dissidence).Une fâcheuse habitude des nouveaux conquérants est de détruire toute trace de l'ancienne dynastie. Nous n'avons donc pu visiter que les dernières réalisations, sauf quelques exceptions(ex: le tombeau des Saadiens)

. Le Maroc et la France

Les puissances européennes, qui luttaient en Méditerranée contre les Ottomans et les pirates des États barbaresques, profitèrent de l’affaiblissement du royaume chérifien pour signer des traités commerciaux à leur avantage : la France, en 1767, et le Royaume-Uni, en 1792, obtinrent le libre passage du détroit de Gibraltar et la liberté de commerce. L’occupation française d’Alger, en 1830, provoqua une réaction nationaliste au Maroc voisin. Le sultan Abd al-Rahman apporta son soutien à l’émir Abd el-Kader, qui dirigeait la résistance depuis l’Oranie. En tentant de reprendre Ceuta et Melilla, les Marocains déclenchèrent en retour une expédition espagnole qui s’empara de Tétouan, en 1860. L’affaiblissement du Maroc, contraint par ailleurs de payer d’importants dommages de guerre, attisa les rivalités européennes.
Entre 1900 et 1903, la France occupa les confins marocains. En 1904, la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne conclurent des accords qui préparaient un partage du Maroc. L’Espagne étendait son influence sur le Rif, dans l’arrière-pays de Ceuta et de Melilla, l’Angleterre renonçait à ses visées sur le reste du pays au bénéfice de la France, en contrepartie de l’abandon de celles de la France sur l’Égypte. Mais l’Allemagne, se sentant lésée dans ce partage colonial, décida d’intervenir. Le 31 mars 1905, le kaiser Guillaume II rendit visite au sultan à Tanger, lui affirmant sa volonté de soutenir l’indépendance marocaine. La tension entre la France et l’Allemagne fut portée à son comble. L’année suivante, la conférence d’Algésiras plaça le pays sous contrôle international, et en 1909, Français et Allemands s’entendirent pour signer une convention de partage économique du Maroc. Pourtant, en 1911, éclata une nouvelle crise, l’incident d’Agadir. Le sultan Moulay Hafiz, assiégé dans Fès par des tribus berbères révoltées, avait fait appel à la France. L’Allemagne, opposée à une intervention française, dépêcha immédiatement une canonnière dans le port d’Agadir. La crise trouva rapidement une solution politique : en échange d’une partie du territoire du Congo français frontalière du Cameroun, l’Allemagne abandonnait ses prétentions au Maroc, laissant désormais le champ libre à la France.

Le protectorat français

Le 30 mars 1912, le sultan reconnut le protectorat français. L’Espagne obtenait pour sa part le contrôle de la région du Rif et de l’enclave d’Ifni. Contre ce nouvel état de fait, des émeutes éclatèrent en différents points du pays. Moulay Hafiz abdiqua en faveur de son frère Moulay Youssef, et la pacification du pays débuta sous la conduite du général Lyautey. Marrakech fut occupée en septembre 1912, et Agadir l’année suivante. Jusqu’en 1925, Lyautey, nommé résident général, s’efforça de mener une politique respectueuse envers les habitants du Maroc, pays qu’il s’attacha à valoriser en développant ses infrastructures (routes, voies ferrées, ports).
Mais le Rif fut ébranlé, de 1921 à 1926, par la révolte d’Abd el-Krim. La longue guerre du Rif ne put être matée que par une alliance militaire franco-espagnole dirigée par le maréchal Pétain, à la tête d’une force de près de 100 000 hommes, le Haut-Atlas ne fut soumis officiellement qu’en 1934. La vallée du Draa et les oasis du sud restèrent encore longtemps en état de dissidence larvée : on estime qu’entre 1921 et 1934 la conquête du Maroc coûta la vie de 27 000 hommes à la France (métropolitains et troupes africaines).

En 1930, la France, qui souhaitait mettre en place une administration plus directe, à l’image de celle qui existait en Algérie, tenta de désarmer les Berbères en publiant le "dahir berbère", manifeste qui reconnaissait leur spécificité (langue, lois coutumières) par rapport à l’administration arabe. Ce texte entraîna la première réaction nationaliste des milieux arabisés, qui accusèrent la France de vouloir diviser le pays pour mieux asseoir son autorité.
Par la suite, grâce à sa participation au côtés des alliés et profitant de l'enlisement de la guerre d'Algérie, le Maroc obtint son indépendance le 3 mars 1956. Le français est encore parlé dans beaucoup d'endroit de l'ancien protectorat et étudié à l'école, nous n'avons jamais eu de difficultés à nous exprimer ou à trouver un traducteur souvent spontané dans le nord nous avons parfois pu parler espagnol et, avec les jeunes parfois aussi en anglais.
Les Espagnols qui, nous l'avons vu à Gibraltar, réclament le départ des Britanniques de leur territoire ne semblent pas pressés de quitter leurs petites enclaves au Maroc. Les canons ne surveillent pourtant plus l'accès au détroit.

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Le paysage marocain étonne, par sa diversité et explique aussi en partie l'organisation du pays. C'est au Maroc que l'on trouve les plaines les plus vastes et les montagnes les plus hautes de l'Afrique du Nord. Le relief du pays est marqué par quatre grands systèmes: le Rif, le Moyen-Atlas, le Haut-Atlas et l'Anti-Atlas.Ce système de séparation du pays en longues bandes explique l'isolement relatif des régions et la mainmise historique des tributs sur les nœuds de communication, les cols, les ports,…
Les rivages méditerranéens sont dominés par le Rif, une chaîne montagneuse peu élevée, 1 000 m en moyenne, mais 2 450 m au djebel Tidirhine. Au sud, une dépression, la trouée de Taza, sépare le Rif d'une chaîne plissée, le Moyen-Atlas, qui dépasse 3 000 m, tandis qu'un plateau central réalise la transition avec de riches plaines côtières qui sont autant de foyers de peuplement. L'ancienne activité volcanique a donné naissance à des lacs de cratères comme le Sidi Ali.
Le Haut-Atlas, qui s'étend également en Algérie, culmine à 4 165 m dans le djebel Toubkal, au sud de Marrakech (une station de ski y est aménagée); il succède au Moyen-Atlas et se prolonge jusqu'à l'Atlantique, où il se raccorde à l'Anti-Atlas, la plus méridionale des chaînes de montagnes marocaines, par le massif d'origine volcanique du djebel Siroua (3 300 m). Cette dorsale accidentée, constituée par des montagnes jeunes, sépare les plateaux et les plaines vertes et fertiles du Sahara aux oueds asséchés et aux terres arides.

 

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Bien arrosé, avec des neiges persistantes sur les plus hauts sommets, l'Atlas donne naissance à de nombreuses rivières dont l'eau est utilisée pour l'irrigation et l'alimentation de plusieurs petites centrales hydroélectriques. Ces cours d'eau deviennent des fleuves comme la Moulouya (450 km), qui se jette dans la Méditerranée, ou le Sebou (500 km), qui se déverse dans l'Atlantique.
Les crues soudaines et incontrôlées du printemps ou de l'automne alimentent des nappes souterraines qui font vivre, le reste de l'année, les populations établies sur des éminences. À l'extrême sud-est, les oueds Ziz et Rhéris, descendus de l'Atlas, se perdent dans les sables du désert. Dans le sud, de l'avis des paysans, une diminution des précipitations et une augmentation de la température pourraient expliquer l'abandon des cultures et des villages par les jeunes et l'exode rural . Si l'effet de serre se fait sentir ici, il faudra s'attendre à une émigration forcée encore plus importante de tout le magreb mais aussi de population africaine. Ce serait dommage car l'équilibre semble atteint entre la modernité et les traditions dans les campagnes traversées, et les gens semblent plus heureux ici que dans les villes où la misère et le désœuvrement sont bien visible.

 

Climat

Terre de contraste jusque dans son climat, le Maroc est soumis aux influences de la Méditerranée, de l'océan Atlantique et du Sahara. Les plaines côtières sont à la même latitude que les oasis du Sahara algérien , riches et fertiles dans le nord, elles subissent l'influence du désert dans leur partie méridionale à partir d'Essaouira (Mogador) et surtout d'Agadir.
Dans le nord, le climat est de type méditerranéen, tempéré par l'influence de la mer avec des hivers plus froids en altitude et des précipitations voisines de 800 mm annuels sur le versant atlantique septentrional. À Essaouira, les températures annuelles moyennes varient entre 16,4°C en janvier et 22,5°C en août. À l'intérieur des terres, les hivers sont plus frais et les étés plus chauds. Ainsi, à Fès, les températures varient de 10°C en janvier à 26,9°C en août. Dans l'Atlas, il n'est pas rare de trouver des températures hivernales inférieures à -17,8°C, et les sommets sont enneigés presque toute l'année.
La saison des pluies correspond aux mois d'hiver. Les précipitations sont importantes dans le Nord-Ouest et plus faibles dans l'Est et le sud, en particulier sur les contreforts orientaux de l'Atlas. Les précipitations annuelles moyennes varient de presque1m à Tanger à 10 cm dans le Sahara où l'eau n'est plus arrivée dans les oueds depuis plusieurs années.

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Le Maroc est le pays le plus boisé du Maghreb. Les régions montagneuses tournées vers l'Atlantique sont couvertes de forêts (12 p. 100 du territoire), comprenant de larges étendues de chênes-lièges, des chênes verts, des genévriers, des cèdres, des sapins et des pins qui bénéficient des pluies de l'automne et de l'hiver, mais les sécheresses, de plus en plus longues dans le Sud, fragilisent cette végétation soumise aux incendies, aux coupes et à l'érosion des sols. Les terres cultivées occupent presque toutes les plaines, ailleurs, le maquis prédomine. Dans la plaine du Sous, près de la frontière méridionale, on trouve une vaste forêt d'arganiers, des épineux endémiques de l'Afrique du Nord qui servent de nourriture aux dromadaires et aux chèvres. La végétation dans les vallées des oueds présahariens est identique à celle des zones arides de la région, dans les oasis, cultures maraîchères et arbres fruitiers prospèrent à l'ombre des palmiers-dattiers.Partout des efforts sont faits pour entretenir les cultures et les traces d'abandons bien moins nombreuses que dans les autres pays visités ( bassin méd.,Baléares,…)

Population et Démographie

En 1997, la population marocaine était estimée à 28,2 millions d'habitants, soit une densité moyenne de 40 habitants au kilomètre carré, mais les Marocains sont inégalement répartis sur le territoire : les régions côtières et les plaines du nord enregistrent les plus fortes densités.
La population connaît un fort taux d'accroissement : pour la période 1995-2000, le taux de natalité a été évalué à 25,5 p. 1 000 contre un taux de mortalité à 7,1 p. 1 000 .L'indice de fécondité à 3,1 enfants par femme( chez nous il est de moins de 2 c'est à dire une dénatalité)  l'espérance de vie est de 66 ans. Selon ces différentes prévisions, le Maroc devrait compter 36 millions d'habitants en 2000, et 60 à 68 millions d'habitants en 2025. La structure de la pyramide des âges contribue à alimenter le malaise social dans un pays où le chômage est élevé: pour la période 1995-2000, la part des moins de 15 ans dans la population totale est estimée à 36 p. 100, celle des individus âgés de 65 ans et plus, à 4 p. 100. Le chômage est à prendre dans le sens sans travail puisqu'il n'est pas rétribué, ce qui explique la ténacité de certains" guide" ou autres petits métiers à gagner un peu d'argent. La pension n'est pas très élevée( 2000fb par mois) et cela nécessite une grande cohésion familiale.
Le Maroc est une terre d'émigration : environ 1,8 millions de ressortissants marocains vivent à l'étranger, notamment en France (575 000), en Italie (200 000) et en Belgique (120 000).
La population, d'origine berbère, fut islamisée par les conquérants arabes à partir du VIIIe siècle. Avec l'essor des villes, certains des autochtones abandonnèrent leur mode de vie traditionnel et adoptèrent la langue et les coutumes des nouveaux arrivants. Aujourd'hui, les Berbères, ou Imazighen (hommes libres), vivent plutôt dans les zones rurales et, depuis la fin des années quatre-vingt, revendiquent leur spécificité culturelle, les populations arabes sont plutôt citadines. Toutefois, le clivage entre les communautés est loin d'être aussi évident, car de nombreux mariages entre Arabes, Berbères et Noirs africains, depuis un millénaire, ont largement métissé la population et le fait de parler berbère ne s'oppose pas fondamentalement au fait d'appartenir également à la civilisation arabe.

 

Le Maroc et le Sahara Occidental                          m.marab.jpg (23352 octets)

La frontière entre le Maroc et l'Algérie n'est pas encore fixée à la suite d'un vieux conflit entre les deux nations. Les algériens ne pouvant s'approprier le territoire soutiennent les Sahraouis qui demandent l'indépendance. Nous devrons d'ailleurs pour nous aventurer dans la région passer plusieurs postes militaires Le nombre de Sahraouis, des Berbères pour la plupart, appartenant pour beaucoup à la confédération des Regueibat, est contesté par les différentes parties en conflit au Sahara Occidental. Il varie de 170 000 à 1 million, ce dernier chiffre étant avancé par le Front Polisario, qui prend en compte les Sahraouis réfugiés à l'extérieur du territoire marocain.
Environ 100 000 Européens (dont 25 p. 100 de Français) vivent au Maroc, ainsi qu'une minorité juive descendant de l'importante communauté qui émigra en France ou en Israël dans les années soixante et soixante-dix.
La répartition de la population entre zones rurales et zones urbaines est relativement équilibrée : en 1994, 48 p. 100 des Marocains étaient citadins. Rabat, la capitale et l'une des plus grandes villes du Maroc, est située sur la côte atlantique (717 000 habitants, estimation 1992). Casablanca (2,1 millions) est la ville la plus importante du pays et son premier port, Marrakech (618 000 habitants) et Fès (573 000 habitants) sont les grands pôles du commerce marocain. Tanger (592 000 habitants) contrôle le détroit de Gibraltar. Le gouvernement incite la population marocaine à s'établir au Sahara-Occidental, dont la ville principale est El-Aïun (Laayoune).Un des plus grand défit du Maroc sera de maintenir les populations à la campagne enfin d'éviter des conflits sociaux dans les villes du à la misère grandissante.

Langues et religions

L'arabe, la langue officielle du pays, est parlé par 75 p. 100 de la population, mais le berbère est également parlé par la moitié des Marocains (c'est la langue maternelle d'au moins 25 p. 100 de la population). De nombreux Marocains parlent aussi le français et l'espagnol et de plus en plus de jeunes l'anglais.

L'islam est la religion d'État.Elle est présente à tout moment de la journée et dès le petit matin(3-4 heures), le muezzin vous la rappelle du haut de son minaret .La totalité de la population musulmane est sunnite. Le roi du Maroc, descendant du prophète Mahomet, est Commandeur des croyants, les chrétiens représentent 1 p. 100 de la population et les juifs moins de 0,1 p. 100.           M.min.jpg (43220 octets)

Éducation

En 1963, l'école est devenue obligatoire pour tous les enfants âgés de sept à treize ans. La scolarisation des garçons est cependant beaucoup plus importante que celle des filles bien que de l'avis de professeurs, celles-ci soient plus assidues. En 1991, 38,2 p. 100 des enfants dans la tranche d'âge concernée étaient scolarisés dans le secondaire, en 1993, 10,3 p. 100 l'étaient dans le supérieur. L'enseignement est dispensé en arabe. En 1994, le roi Hassan II décida que le berbère serait désormais enseigné dans le primaire, une décision importante qui mettra un certain temps à être suivie d'effets. En 1995, 56,3 p. 100 des Marocains ne savaient ni lire ni écrire.
L'enseignement supérieur traditionnel en arabe est assuré dans les universités de Fès, de Marrakech, de Casablanca et d' Oujda. Rabat est également dotée d'une école des beaux-arts et de plusieurs instituts spécialisés dans l'administration, l'agriculture et les sciences économiques. L'École des arts et traditions populaires (fondée 1921) est située à Tétouan.

Culture

Le Maroc s'est enrichi des influences de plusieurs cultures, comme en témoignent les vestiges des civilisations phéniciennes, hellénique, carthaginoise, romaine et arabe.
Le christianisme s'étendit dans la région avec l'occupation romaine et résista un temps à l'expansion arabe. L'influence arabo-musulmane l'emporta rapidement sur les côtes et dans les cités qui devinrent de grands centres d'échanges entre l'Espagne, le Sahara et le reste du monde arabe. L'arabe, langue sacrée, devint aussi la langue écrite des échanges commerciaux et culturels. Le Maroc accueillit les musulmans et les juifs chassés par l'Inquisition, qui sévit dans la péninsule Ibérique au XVIe siècle : l'architecture et la musique arabo-andalouses vinrent alors influencer les arts de l'islam. Le Maroc demeura, en revanche, en dehors de l'aire d'influence ottomane. L'empreinte ouest africaine date de l'établissement des routes transsahariennes, au Xe siècle, et de la dynastie mauritanienne des Almoravides, fondateurs de la ville de Marrakech. La colonisation française, durant plus d'un demi-siècle, marqua le passage du pays au monde contemporain, avec les bouleversements que cela impliquait au sein de la société marocaine.

Généralités

Le Maroc est essentiellement un pays agricole bien que seuls 19 p. 100 de la superficie totale soient cultivés. Le Maroc est visiblement un pays dynamique et en expansion, les constructions sont nombreuses(un dicton de chez nous dit que lorsque le bâtiment va tout va) et mon frère avait parfois du mal à reconnaître des endroits après quelques années. Cependant, la croissance économique demeure insuffisante pour résorber le "chômage": chaque année, 250 000 demandeurs d'emploi arrivent sur le marché du travail. En 1994, le taux de chômage s'élevait à 16 p. 100!.

Agriculture, forêts, pêche

 Le secteur primaire occupe 1/3 de la population active et contribue pour 18 p. 100 à la formation du PIB.
La production est très dépendante des aléas climatiques. Ainsi, l'année 1994 s'était révélée exceptionnelle après trois années de sécheresse, mais la sécheresse prolongée de 1995 a de nouveau sérieusement menacé l'agriculture du pays.
Les principales productions sont les céréales, blé (31 p. 100 des terres cultivées en 1994, 19e rang mondial) et orge (26 p. 100 des terres, 11e rang mondial) dont la production totalise 3 millions de tonnes. La pomme de terre, les melons, les oliviers, la vigne, les légumineuses, les dattiers, la canne à sucre et la betterave à sucre sont également cultivés. Le Maroc est un gros producteur d'agrumes (1 275 000 t, dont 940 000 t d'oranges, 11e rang mondial) principalement destinés à l'exportation avec les légumes d'hiver.
Le cheptel compte environ 15,6 millions d'ovins , 5,5 millions de caprins et 3,3 millions de bovins.
Le liège est l'une des principales ressources de la forêt marocaine, mais la plupart du bois coupé est utilisé comme combustible
Les principaux centres de pêche sont Agadir, Safi, Essaouira, Casablanca, auxquels s'ajoutent les centres côtiers du Sahara Occidental.

Mines et industries
Le secteur secondaire occupe 24 p. 100 de la population active et contribue pour 1/3 à la formation du PIB.
Le pays possède des ressources minières considérables : c'est le 3e producteur mondial de phosphate le 10e producteur de plomb (70 000 t) et d'argent (333 000 t). On y extrait aussi du charbon, du cobalt, du fer, du cuivre, du manganèse, du pétrole, de l'étain et du zinc.
Plus de 85 p. 100 de la production électrique est d'origine thermique, les 15 p. 100 restants étant produits dans des centrales hydroélectriques locales.
Industries
Des petites et moyennes entreprises assurent l'essentiel de la production industrielle du pays : matériaux de construction, produits chimiques, textiles, chaussures, pétrole raffiné, produits agroalimentaires (32 p. 100 de la production industrielle totale), vins, sucre, etc. L'artisanat est également un secteur traditionnel important : tissus, sellerie, céramiques, tapis et couvertures et ébénisterie de haute qualité .Partout présent lors de nos visites, il est difficile de résister à l'achat de l'un ou l'autre article!

Secteur tertiaire

Il occupe 41 % de la population active et contribue pour 49% à la formation du PIB.
La monnaie est le dirham. De nombreuses banques sont installées dans tout le pays et nous pouvons facilement prendre de l'argent aux guichets automatiques( progrès quand tu nous tiens!)L'émigration marocaine et le tourisme permettent d'importantes rentrées en devises étrangères Des banderoles sont accrochées aux banques pour souhaiter la bienvenue aux émigrés (et à leurs investissements). Cependant, les menaces islamistes qui pèsent sur le Maghreb ont considérablement ralenti la venue des touristes au Maroc, et les recettes liées à ce secteur sont en régression (1,23 milliards de dollars en 1994).
Le pays dispose d'importants équipements portuaires à Casablanca, Agadir, Kenitra, Safi et Tanger mais un gros effort doit être entrepris pour l'accueil des plaisanciers, nombreux a descendre la côte sans pouvoir ou oser s'arrêter au Maroc. Le manque de clubs mais surtout d'un simple guide nautique découragent la plupart d'entre- eux. Au début des années quatre-vingt-dix, le pays était équipé d'un réseau ferroviaire de 1 890 km et de 59 198 km de routes, dont 47% étaient bitumées et des pistes encore difficiles il y a peu sont maintenant praticables en voiture normale. Royal Air Maroc, la compagnie aérienne nationale, assure les liaisons intérieures et internationales. On compte 19 aéroports au Maroc.