LE MAROC

Lors de notre première escale, à Tanger le choc a été important pour tout
l'équipage, passer en une journée de l'Europe et son organisation, ses magasins
aseptisés au port de pêche, à la médina et aux souks, c'est prendre la machine à
remonter le temps et se replonger quelques siècles en arrière. Dès la sortie nous
sommes frappés par le nombre de jeunes désuvrés qui attendent, mais quoi?
Par la suite, chaque visite, chaque changement de région a apporté son lot de questions
parce que le Maroc est resté traditionnel et que nous sommes certainement habitués à
une uniformisation de méthode de travail ou de mode de vie à l'européenne.
Les réponses à notre étonnement, nous les avons recherchées dans l'histoire mais aussi
dans l'organisation géographique du pays et enfin dans les chiffres de la démographie et
de l'industrie.
Le Maroc est un pays attachant mais qui demande du temps pour être compris et apprécié.
Beaucoup d'Histoire
Dans cette Première partie de notre voyage(les Baléares, l'Espagne et Gibraltar,
l'histoire du Maroc revient en permanence et malgré la petite introduction du chapitre
précédent, voici développée cette histoire riche en rebondissement et étroitement
liée à la nôtre.
Elle explique aussi les rapports qui existe actuellement entre des populations d'origine
tellement éloignée que les lointains arabes et les berbères.
Les origines
Le Maroc est riche en vestiges paléolithiques Ces sites ne sont pas assez protégés ni
exploités touristiquement dans le sud et nous avons pu avoir accès à plusieurs d'entre
eux librement. Le pillage de ces sites doit être une triste réalité.
Les populations qui s'installèrent peu après dans la région étaient probablement
originaires d'Europe et d'Asie, et donnèrent naissance aux ancêtres des Berbères. On
sait peu de choses de ces peuples, dont la langue dite Libyque est quasi indéchiffrable
et présente des similitudes avec celle des Touaregs.
L'histoire du Maroc est d'abord celle d'établissements étrangers dans les zones
littorales. Les Phéniciens fondèrent des comptoirs de commerce sur la côte
méditerranéenne d'Afrique du Nord au VIIe siècle av. J.-C. sur des sites
portant des noms d'origine berbère et devenus de grands ports, tels Tingi (Tanger),
Casablanca ou Russadir (Melilla). Bien que l'on attribue aux Carthaginois l'introduction
du fer et la culture de la vigne, la civilisation phénicienne resta marginale, et son
influence semble ne pas avoir beaucoup pénétré à l'intérieur des terres où des
royaumes berbères furent fondés : celui de Maurétanie, apparu au IVe siècle
av. J.-C. dans le nord du Maroc, et celui des Masaesyles, à l'est.
Rome et Byzance
La conquête de Carthage par l'Empire romain au IIe siècle av. J.-C. assura
aux Romains la domination de tout le littoral africain baigné par la Méditerranée
jusqu'au détroit de Gibraltar.
De cette époque date pratiquement le partage territorial du Maghreb entre ce qui, plus
tard, allait devenir le Maroc et l'Algérie. Les Romains s'allièrent avec Bocchus, le roi
berbère qui régnait sur toute la région à l'ouest de la Moulouya, pour briser la
résistance de son gendre Jugurtha, qui dominait l'Algérie. Jugurtha fut vaincu
définitivement en 105 av. J.-C. Durant la période romaine, la région fut mise
en valeur : des routes furent construites, des villes, telle Volubilis, furent
fondées. L'agriculture se développa, tandis que le commerce prospérait.
De 25 à 23 av. J.-C., Juba II, un souverain berbère, administra la
Maurétanie (Algérie, Maroc). Vers 42 apr. J.-C., l'empereur Claude Ier
annexa l'ensemble de la Maurétanie à l'Empire romain!; elle fut divisée en deux
provinces, séparées par la Moulouya : la Maurétanie Tingitane (de Tanger),
correspondant au Maroc actuel, et que dirigea le fils de Juba, Ptolémée, et la
Maurétanie Césarienne (l'Algérie). Les Romains, qui ne contrôlaient véritablement que
la partie septentrionale du pays (Volubilis) en raison de l'hostilité des montagnards
berbères, se replièrent sur la région de Tanger, qui fut rattachée, sous le règne de
Dioclétien, à l'Espagne méridionale (285).
En 429, le Maroc subit l'invasion des Vandales, qui se fondirent dans les populations
locales. Le général byzantin Bélisaire reprit la région en 533 et y imposa les lois de
l'Empire byzantin. Néanmoins, cette reconquête fut limitée dans l'espace, seul le Nord
fut solidement tenu.
La conquête arabe

Après la conversion de l'empereur Constantin Ier le Grand, au IVe siècle,
le christianisme s'était développé dans les régions romanisées, c'est-à-dire
essentiellement les villes et les plaines côtières. Cependant, ces régions qui
supportaient mal l'omnipotence des fonctionnaires de l'Empire et l'extrême centralisation
du système, allaient faire bon accueil aux idées d'indépendance financière et
commerciale apportées par l'islam.
Il semble que, dans leur offensive contre les Byzantins, les troupes arabo-musulmanes
conduites par Oqba ibn Nafi atteignirent l'Atlantique dès 681. Mais les tribus
berbères montagnardes (confédération des Masmouda, établis dans le Haut-Atlas
occidental, l'Anti-Atlas, le Rif et les plaines atlantiques, des Sanhadja, du Moyen-Atlas,
et des Zenata, du Maroc oriental), qui n'avaient pas plus accepté la domination de
Byzance que celle de Rome, les obligèrent à se replier.
La véritable conquête débuta une vingtaine d'années plus tard, entre 705 et 707, sous
la direction de Musa ibn Nusayr qui sut habilement jouer des clivages entre tribus
berbères. Prônant l'égalité entre tous les croyants, les tenants de la nouvelle
religion manquaient de cadres administratifs, ils les trouvèrent souvent chez les "mawalis"
(affranchis, clients), lettrés chrétiens et juifs autochtones, des Berbères pratiquant
le judaïsme, dont beaucoup finirent par se convertir, échappant ainsi à l'imposition
qui touchait les gens du Livre, chrétiens et juifs, protégés par l'islam, mais soumis
à des taxes pour compenser l'interdiction qui leur était faite de porter les armes.
L'implantation arabe fut cependant longue et difficile.
Plusieurs dynasties musulmanes, se référant pour des raisons religieuses et de prestige
à une origine arabe, régnèrent alors sur le pays. Pourtant, la résistance à
l'islamisation et à la domination arabe fut vive dans certaines régions berbères. Elle
prit notamment la forme du kharijisme, un mouvement musulman contestataire s'appuyant sur
une stricte lecture du Coran et récusant le mode de succession au califat, qui
privilégiait l'appartenance à la lignée du Prophète ou à celle des premiers
compagnons (Ansars). En 742, une révolte ébranla les montagnes marocaines. Dans le
Tafilalet (région actuelle d'Erfoud, dans le Sud-Est), un royaume kharijite subsista
longtemps avec pour capitale Sijilmassa, comptoir commercial au croisement des routes
d'échanges entre les empires de l'Afrique noire Ghana puis Mali
et le monde musulman.
En 788, Idris Ier, descendant d'Ali, gendre du Prophète, qui avait fui l'Arabie,
fonda la dynastie des Idrissides. C'est de cette époque que date la fondation de la ville
de Fès, qui devint un important centre religieux et intellectuel sous le règne
d'Idris II. À sa mort en 828, le royaume Idrisside entra dans une période de
déclin. Alors que l'Est subissait les raids des nomades, les Fatimides chiites d'Égypte
et les Omeyades de Cordoue, profitant des divisions internes qui affaiblissaient la
dynastie, rivalisaient pour étendre leur domination sur le Maroc. Les Fatimides
portèrent le coup fatal à la dynastie Idrisside en 917, le redressement se produisit
depuis le Sahara.
Les premières dynasties berbères
Les Almoravides (de l'arabe al-Murabitun) ,dont le mouvement était né dans le
sud de la Mauritanie actuelle parmi les nomades Sanhadja, allaient dominer la région à
partir de 1062, date à laquelle ils fondèrent Marrakech, au carrefour des routes
commerciales entre le monde arabe et le Sahara. Leur expansion se fit à la fois en
direction de l'Espagne musulmane et de l'Afrique noire. En 1086, ils battaient, à
Zellaca, le roi Alphonse IV. Au sud, ils emportaient, en 1077, une victoire décisive
sur l'empire du Ghana, prenant ainsi le contrôle du commerce de l'or.
Au début du XIIe siècle, l'empire almoravide comprenait l'Espagne musulmane, le
Maghreb occidental et central ainsi que le Sahara. Mais un nouveau mouvement réformateur,
lancé par Ibn Tumart dans la première moitié du XIIe siècle, se dressa contre
eux. Ce dernier luttait contre toute déviation et prêchait l'unicité de Dieu. La venue
au pouvoir de ses disciples, les Almohades (de l'arabe al-muwahhidun, les Unitaires) en
1147, marqua le triomphe des Berbères sédentaires de l'Anti-Atlas sous l'égide d'Abd
al-Moumin (1130-1163). À l'apogée de leur puissance, les Almohades exercèrent leur
autorité sur l'actuelle Algérie, la Tunisie, la Libye, ainsi que sur une partie du
Portugal et de l'Espagne. Le Maghreb musulman en profita pour se libérer également de la
tutelle de l'Orient.
En 1212, la bataille de Las Navas de Tolosa, sur le sol espagnol, au cours de
laquelle les armées chrétiennes vainquirent les troupes musulmanes, marqua le début du
déclin des Almohades et de l'Espagne musulmane. Les Beni Merin, des Berbères arabisés
qui avaient été poussés vers le sud du Maroc par les invasions arabes, en profitèrent
pour se soulever. En 1269, les Mérinides parvinrent à s'imposer sur le trône, ils
fixèrent leur capitale à Fès, qu'ils firent doubler par une nouvelle cité, Fès
el-Djedid (Fès-la-Neuve). Les Mérinides ne purent cependant maintenir l'empire
maghrébin des Almohades. Ils perdirent le contrôle des routes sahariennes et
s'engagèrent dans de coûteuses opérations militaires dans la péninsule Ibérique,
luttant contre l'avancée des princes chrétiens ou prenant parti dans les conflits entre
princes musulmans. La Reconquista ("reconquête") gagna bientôt le territoire
marocain lui-même. Espagnols et Portugais se partagèrent les côtes en zones
d'influence : les rivages méditerranéens revinrent à l'Espagne, et le littoral
atlantique échut au Portugal. En 1415, le port de Ceuta fut pris aux musulmans andalous
par les Portugais. Melilla tomba aux mains des Espagnols en 1497.
Les dynasties chérifiennes
La progression des Européens provoqua le sursaut des Beni Saad (ou Saadiens). Se
réclamant de la lignée du Prophète, ces chérifs, ou chorfas (titre donné par les
musulmans aux descendants de Mahomet par Ali et Fatima), étaient établis au sud, dans la
vallée du Sous, autour de Taroudant. Ils menèrent la guerre sainte (voir Djihad) contre
les Portugais, qu'ils chassèrent d'Agadir en 1541, puis de Safi. Ils s'attaquèrent
ensuite aux successeurs des Mérinides, les Wattassides. En 1549, ils s'emparèrent de
Fès. Les Wattassides demandèrent l'aide des Turcs présents en Algérie, mais les
Saadiens se rendirent maîtres du pays en 1554.
Prudents, les sultans Saadiens adoptèrent une politique d'équilibre entre les Turcs
ottomans et les Occidentaux. En 1591, les Saadiens, souhaitant obtenir les mines de sel du
Sahara et l'or du Soudan, lancèrent une expédition à travers le désert contre l'Empire
Songhaï, établi dans la vallée du Niger. Le sultan Ahmad al-Mansur n'en retira pas
l'argent espéré, mais, par la suite, les nationalistes marocains allaient s'appuyer sur
cette conquête pour revendiquer toute la région comprise entre le Maroc et les rives
septentrionales du Niger (Nord-Mali) et du Sénégal (Mauritanie). Le pays bénéficia de
l'immigration de près d'un million de Maures et de juifs expulsés d'Espagne après 1492.
Le Maroc saadien était unifié et relativement prospère, l'architecture et les arts
marocains connurent un essor notable à cette époque.
Peu après l'arrivée des premiers Saadiens d'Arabie, des immigrants se réclamant de la
descendance d'Hassan, l'un des deux fils d'Ali, s'étaient installés dans le Tafilalet,
aux portes du désert. Utilisant le prestige que leur accordait cette ascendance alaouite,
ils s'appuyèrent sur le désir d'indépendance des habitants de la région pour se poser
en prétendants au trône. En 1664, Moulay Rachid fonda la dynastie alaouite, qui règne
encore de nos jours sur le Maroc.
La dynastie connut son apogée sous Moulay Ismaïl (1672-1727), le bâtisseur de Meknès.
Il s'engagea dans la reconquête du pays sur les chrétiens (Espagnols et Portugais
occupant des ports) et mena la lutte contre les Ottomans. Son règne fut suivi d'une
longue période de rivalités familiales, ponctuées de brefs interludes de paix et de
prospérité relatives.
À la fin du XVIIIe siècle, seul le tiers septentrional du Maroc restait sous
l'administration du sultan : c'était le Bled el-Maghzen, pays soumis à l'impôt,
donc à l'autorité chérifienne, tandis que le reste du pays se trouvait en situation de
quasi-insoumission (Bled el-Siba, pays de la dissidence).Une fâcheuse habitude des
nouveaux conquérants est de détruire toute trace de l'ancienne dynastie. Nous n'avons
donc pu visiter que les dernières réalisations, sauf quelques exceptions(ex: le tombeau
des Saadiens)
. Le Maroc et la France
Les puissances européennes, qui luttaient en Méditerranée
contre les Ottomans et les pirates des États barbaresques, profitèrent de
laffaiblissement du royaume chérifien pour signer des traités commerciaux à leur
avantage : la France, en 1767, et le Royaume-Uni, en 1792, obtinrent le libre passage
du détroit de Gibraltar et la liberté de commerce. Loccupation française
dAlger, en 1830, provoqua une réaction nationaliste au Maroc voisin. Le sultan Abd
al-Rahman apporta son soutien à lémir Abd el-Kader, qui dirigeait la résistance
depuis lOranie. En tentant de reprendre Ceuta et Melilla, les Marocains
déclenchèrent en retour une expédition espagnole qui sempara de Tétouan, en
1860. Laffaiblissement du Maroc, contraint par ailleurs de payer dimportants
dommages de guerre, attisa les rivalités européennes.
Entre 1900 et 1903, la France occupa les confins marocains. En 1904, la France, la
Grande-Bretagne et lEspagne conclurent des accords qui préparaient un partage du
Maroc. LEspagne étendait son influence sur le Rif, dans
larrière-pays de Ceuta et de Melilla, lAngleterre renonçait à ses visées
sur le reste du pays au bénéfice de la France, en contrepartie de labandon de
celles de la France sur lÉgypte. Mais lAllemagne, se sentant lésée dans ce
partage colonial, décida dintervenir. Le 31 mars 1905, le kaiser
Guillaume II rendit visite au sultan à Tanger, lui affirmant sa volonté de soutenir
lindépendance marocaine. La tension entre la France et lAllemagne fut portée
à son comble. Lannée suivante, la conférence dAlgésiras plaça le pays
sous contrôle international, et en 1909, Français et Allemands sentendirent pour
signer une convention de partage économique du Maroc. Pourtant, en 1911, éclata une
nouvelle crise, lincident dAgadir. Le sultan Moulay Hafiz, assiégé dans Fès
par des tribus berbères révoltées, avait fait appel à la France. LAllemagne,
opposée à une intervention française, dépêcha immédiatement une canonnière dans le
port dAgadir. La crise trouva rapidement une solution politique : en échange
dune partie du territoire du Congo français frontalière du Cameroun,
lAllemagne abandonnait ses prétentions au Maroc, laissant désormais le champ libre
à la France.
Le protectorat français
Le 30 mars 1912, le sultan reconnut le protectorat
français. LEspagne obtenait pour sa part le contrôle de la région du Rif et de
lenclave dIfni. Contre ce nouvel état de fait, des émeutes éclatèrent en
différents points du pays. Moulay Hafiz abdiqua en faveur de son frère Moulay Youssef,
et la pacification du pays débuta sous la conduite du général Lyautey. Marrakech fut
occupée en septembre 1912, et Agadir lannée suivante. Jusquen 1925, Lyautey,
nommé résident général, sefforça de mener une politique respectueuse envers les
habitants du Maroc, pays quil sattacha à valoriser en développant ses
infrastructures (routes, voies ferrées, ports).
Mais le Rif fut ébranlé, de 1921 à 1926, par la révolte dAbd el-Krim. La longue
guerre du Rif ne put être matée que par une alliance militaire franco-espagnole dirigée
par le maréchal Pétain, à la tête dune force de près de
100 000 hommes, le Haut-Atlas ne fut soumis officiellement quen 1934. La
vallée du Draa et les oasis du sud restèrent encore longtemps en état de dissidence
larvée : on estime quentre 1921 et 1934 la conquête du Maroc coûta la vie de
27 000 hommes à la France (métropolitains et troupes africaines).
En 1930, la France, qui souhaitait mettre en place une administration plus directe, à
limage de celle qui existait en Algérie, tenta de désarmer les Berbères en
publiant le "dahir berbère", manifeste qui reconnaissait leur spécificité
(langue, lois coutumières) par rapport à ladministration arabe. Ce texte entraîna
la première réaction nationaliste des milieux arabisés, qui accusèrent la France de
vouloir diviser le pays pour mieux asseoir son autorité.
Par la suite, grâce à sa participation au côtés des alliés et profitant de
l'enlisement de la guerre d'Algérie, le Maroc obtint son indépendance le 3 mars 1956. Le
français est encore parlé dans beaucoup d'endroit de l'ancien protectorat et étudié à
l'école, nous n'avons jamais eu de difficultés à nous exprimer ou à trouver un
traducteur souvent spontané dans le nord nous avons parfois pu parler espagnol et, avec
les jeunes parfois aussi en anglais.
Les Espagnols qui, nous l'avons vu à Gibraltar, réclament le départ des Britanniques de
leur territoire ne semblent pas pressés de quitter leurs petites enclaves au Maroc. Les
canons ne surveillent pourtant plus l'accès au détroit.
Relief

Le paysage marocain étonne, par sa diversité et explique aussi en partie
l'organisation du pays. C'est au Maroc que l'on trouve les plaines les plus vastes et les
montagnes les plus hautes de l'Afrique du Nord. Le relief du pays est marqué par quatre
grands systèmes: le Rif, le Moyen-Atlas, le Haut-Atlas et l'Anti-Atlas.Ce système de
séparation du pays en longues bandes explique l'isolement relatif des régions et la
mainmise historique des tributs sur les nuds de communication, les cols, les
ports,
Les rivages méditerranéens sont dominés par le Rif, une chaîne montagneuse peu
élevée, 1 000 m en moyenne, mais 2 450 m au djebel Tidirhine. Au
sud, une dépression, la trouée de Taza, sépare le Rif d'une chaîne plissée, le
Moyen-Atlas, qui dépasse 3 000 m, tandis qu'un plateau central réalise la
transition avec de riches plaines côtières qui sont autant de foyers de peuplement.
L'ancienne activité volcanique a donné naissance à des lacs de cratères comme le Sidi
Ali.
Le Haut-Atlas, qui s'étend également en Algérie, culmine à 4 165 m dans le
djebel Toubkal, au sud de Marrakech (une station de ski y est aménagée); il succède au
Moyen-Atlas et se prolonge jusqu'à l'Atlantique, où il se raccorde à l'Anti-Atlas, la
plus méridionale des chaînes de montagnes marocaines, par le massif d'origine volcanique
du djebel Siroua (3 300 m). Cette dorsale accidentée, constituée par des
montagnes jeunes, sépare les plateaux et les plaines vertes et fertiles du Sahara aux
oueds asséchés et aux terres arides.
Hydrographie

Bien arrosé, avec des neiges persistantes sur les plus hauts sommets, l'Atlas donne
naissance à de nombreuses rivières dont l'eau est utilisée pour l'irrigation et
l'alimentation de plusieurs petites centrales hydroélectriques. Ces cours d'eau
deviennent des fleuves comme la Moulouya (450 km), qui se jette dans la
Méditerranée, ou le Sebou (500 km), qui se déverse dans l'Atlantique.
Les crues soudaines et incontrôlées du printemps ou de l'automne alimentent des nappes
souterraines qui font vivre, le reste de l'année, les populations établies sur des
éminences. À l'extrême sud-est, les oueds Ziz et Rhéris, descendus de l'Atlas, se
perdent dans les sables du désert. Dans le sud, de l'avis des paysans, une diminution des
précipitations et une augmentation de la température pourraient expliquer l'abandon des
cultures et des villages par les jeunes et l'exode rural . Si l'effet de serre se fait
sentir ici, il faudra s'attendre à une émigration forcée encore plus importante de tout
le magreb mais aussi de population africaine. Ce serait dommage car l'équilibre semble
atteint entre la modernité et les traditions dans les campagnes traversées, et les gens
semblent plus heureux ici que dans les villes où la misère et le désuvrement sont
bien visible.
Climat
Terre de contraste jusque dans son climat, le Maroc est soumis aux influences de la
Méditerranée, de l'océan Atlantique et du Sahara. Les plaines côtières sont à la
même latitude que les oasis du Sahara algérien , riches et fertiles dans le nord, elles
subissent l'influence du désert dans leur partie méridionale à partir d'Essaouira
(Mogador) et surtout d'Agadir.
Dans le nord, le climat est de type méditerranéen, tempéré par l'influence de la mer
avec des hivers plus froids en altitude et des précipitations voisines de 800 mm
annuels sur le versant atlantique septentrional. À Essaouira, les températures annuelles
moyennes varient entre 16,4°C en janvier et 22,5°C en août. À l'intérieur des terres,
les hivers sont plus frais et les étés plus chauds. Ainsi, à Fès, les températures
varient de 10°C en janvier à 26,9°C en août. Dans l'Atlas, il n'est pas rare de
trouver des températures hivernales inférieures à -17,8°C, et les sommets sont
enneigés presque toute l'année.
La saison des pluies correspond aux mois d'hiver. Les précipitations sont importantes
dans le Nord-Ouest et plus faibles dans l'Est et le sud, en particulier sur les
contreforts orientaux de l'Atlas. Les précipitations annuelles moyennes varient de
presque1m à Tanger à 10 cm dans le Sahara où l'eau n'est plus arrivée dans les oueds
depuis plusieurs années.
Végétation

Le Maroc est le pays le plus boisé du Maghreb. Les régions montagneuses tournées
vers l'Atlantique sont couvertes de forêts (12 p. 100 du territoire),
comprenant de larges étendues de chênes-lièges, des chênes verts, des genévriers, des
cèdres, des sapins et des pins qui bénéficient des pluies de l'automne et de l'hiver,
mais les sécheresses, de plus en plus longues dans le Sud, fragilisent cette végétation
soumise aux incendies, aux coupes et à l'érosion des sols. Les terres cultivées
occupent presque toutes les plaines, ailleurs, le maquis prédomine. Dans la plaine du
Sous, près de la frontière méridionale, on trouve une vaste forêt d'arganiers, des
épineux endémiques de l'Afrique du Nord qui servent de nourriture aux dromadaires et aux
chèvres. La végétation dans les vallées des oueds présahariens est identique à celle
des zones arides de la région, dans les oasis, cultures maraîchères et arbres fruitiers
prospèrent à l'ombre des palmiers-dattiers.Partout des efforts sont faits pour
entretenir les cultures et les traces d'abandons bien moins nombreuses que dans les autres
pays visités ( bassin méd.,Baléares,
)
Population et Démographie
En 1997, la population marocaine était estimée à 28,2 millions d'habitants,
soit une densité moyenne de 40 habitants au kilomètre carré, mais les Marocains
sont inégalement répartis sur le territoire : les régions côtières et les
plaines du nord enregistrent les plus fortes densités.
La population connaît un fort taux d'accroissement : pour la période 1995-2000, le
taux de natalité a été évalué à 25,5 p. 1 000 contre un taux de
mortalité à 7,1 p. 1 000 .L'indice de fécondité à 3,1 enfants par
femme( chez nous il est de moins de 2 c'est à dire une dénatalité) l'espérance
de vie est de 66 ans. Selon ces différentes prévisions, le Maroc devrait compter
36 millions d'habitants en 2000, et 60 à 68 millions d'habitants en 2025. La
structure de la pyramide des âges contribue à alimenter le malaise social dans un pays
où le chômage est élevé: pour la période 1995-2000, la part des moins de 15 ans
dans la population totale est estimée à 36 p. 100, celle des individus âgés
de 65 ans et plus, à 4 p. 100. Le chômage est à prendre dans le sens
sans travail puisqu'il n'est pas rétribué, ce qui explique la ténacité de
certains" guide" ou autres petits métiers à gagner un peu d'argent. La pension
n'est pas très élevée( 2000fb par mois) et cela nécessite une grande cohésion
familiale.
Le Maroc est une terre d'émigration : environ 1,8 millions de ressortissants
marocains vivent à l'étranger, notamment en France (575 000), en Italie
(200 000) et en Belgique (120 000).
La population, d'origine berbère, fut islamisée par les conquérants arabes à partir du
VIIIe siècle. Avec l'essor des villes, certains des autochtones abandonnèrent leur
mode de vie traditionnel et adoptèrent la langue et les coutumes des nouveaux arrivants.
Aujourd'hui, les Berbères, ou Imazighen (hommes libres), vivent plutôt dans les zones
rurales et, depuis la fin des années quatre-vingt, revendiquent leur spécificité
culturelle, les populations arabes sont plutôt citadines. Toutefois, le clivage entre les
communautés est loin d'être aussi évident, car de nombreux mariages entre Arabes,
Berbères et Noirs africains, depuis un millénaire, ont largement métissé la population
et le fait de parler berbère ne s'oppose pas fondamentalement au fait d'appartenir
également à la civilisation arabe.
Le Maroc et le Sahara Occidental

La frontière entre le Maroc et l'Algérie n'est pas encore fixée à la suite d'un vieux
conflit entre les deux nations. Les algériens ne pouvant s'approprier le territoire
soutiennent les Sahraouis qui demandent l'indépendance. Nous devrons d'ailleurs pour nous
aventurer dans la région passer plusieurs postes militaires Le nombre de Sahraouis, des
Berbères pour la plupart, appartenant pour beaucoup à la confédération des Regueibat,
est contesté par les différentes parties en conflit au Sahara Occidental. Il varie de
170 000 à 1 million, ce dernier chiffre étant avancé par le Front Polisario,
qui prend en compte les Sahraouis réfugiés à l'extérieur du territoire marocain.
Environ 100 000 Européens (dont 25 p. 100 de Français) vivent au
Maroc, ainsi qu'une minorité juive descendant de l'importante communauté qui émigra en
France ou en Israël dans les années soixante et soixante-dix.
La répartition de la population entre zones rurales et zones urbaines est relativement
équilibrée : en 1994, 48 p. 100 des Marocains étaient citadins. Rabat,
la capitale et l'une des plus grandes villes du Maroc, est située sur la côte atlantique
(717 000 habitants, estimation 1992). Casablanca (2,1 millions) est la
ville la plus importante du pays et son premier port, Marrakech
(618 000 habitants) et Fès (573 000 habitants) sont les grands pôles
du commerce marocain. Tanger (592 000 habitants) contrôle le détroit de
Gibraltar. Le gouvernement incite la population marocaine à s'établir au
Sahara-Occidental, dont la ville principale est El-Aïun (Laayoune).Un des plus grand
défit du Maroc sera de maintenir les populations à la campagne enfin d'éviter des
conflits sociaux dans les villes du à la misère grandissante.
Langues et religions
L'arabe, la langue officielle du pays, est parlé par 75 p. 100 de la
population, mais le berbère est également parlé par la moitié des Marocains (c'est la
langue maternelle d'au moins 25 p. 100 de la population). De nombreux Marocains
parlent aussi le français et l'espagnol et de plus en plus de jeunes l'anglais.
L'islam est la religion d'État.Elle est présente à tout moment de la journée et
dès le petit matin(3-4 heures), le muezzin vous la rappelle du haut de son minaret .La
totalité de la population musulmane est sunnite. Le roi du Maroc, descendant du prophète
Mahomet, est Commandeur des croyants, les chrétiens représentent 1 p. 100 de
la population et les juifs moins de 0,1 p. 100.

Éducation
En 1963, l'école est devenue obligatoire pour tous les enfants âgés de sept à
treize ans. La scolarisation des garçons est cependant beaucoup plus importante que celle
des filles bien que de l'avis de professeurs, celles-ci soient plus assidues. En 1991,
38,2 p. 100 des enfants dans la tranche d'âge concernée étaient scolarisés
dans le secondaire, en 1993, 10,3 p. 100 l'étaient dans le supérieur.
L'enseignement est dispensé en arabe. En 1994, le roi Hassan II décida que le
berbère serait désormais enseigné dans le primaire, une décision importante qui mettra
un certain temps à être suivie d'effets. En 1995, 56,3 p. 100 des Marocains ne
savaient ni lire ni écrire.
L'enseignement supérieur traditionnel en arabe est assuré dans les universités de Fès,
de Marrakech, de Casablanca et d' Oujda. Rabat est également dotée d'une école des
beaux-arts et de plusieurs instituts spécialisés dans l'administration, l'agriculture et
les sciences économiques. L'École des arts et traditions populaires (fondée 1921) est
située à Tétouan.
Culture
Le Maroc s'est enrichi des influences de plusieurs cultures, comme en témoignent les
vestiges des civilisations phéniciennes, hellénique, carthaginoise, romaine et arabe.
Le christianisme s'étendit dans la région avec l'occupation romaine et résista un temps
à l'expansion arabe. L'influence arabo-musulmane l'emporta rapidement sur les côtes et
dans les cités qui devinrent de grands centres d'échanges entre l'Espagne, le Sahara et
le reste du monde arabe. L'arabe, langue sacrée, devint aussi la langue écrite des
échanges commerciaux et culturels. Le Maroc accueillit les musulmans et les juifs
chassés par l'Inquisition, qui sévit dans la péninsule Ibérique au
XVIe siècle : l'architecture et la musique arabo-andalouses vinrent alors
influencer les arts de l'islam. Le Maroc demeura, en revanche, en dehors de l'aire
d'influence ottomane. L'empreinte ouest africaine date de l'établissement des routes
transsahariennes, au Xe siècle, et de la dynastie mauritanienne des Almoravides,
fondateurs de la ville de Marrakech. La colonisation française, durant plus d'un
demi-siècle, marqua le passage du pays au monde contemporain, avec les bouleversements
que cela impliquait au sein de la société marocaine.
Généralités
Le Maroc est essentiellement un pays agricole bien que seuls 19 p. 100 de la
superficie totale soient cultivés. Le Maroc est visiblement un pays dynamique et en
expansion, les constructions sont nombreuses(un dicton de chez nous dit que lorsque le
bâtiment va tout va) et mon frère avait parfois du mal à reconnaître des endroits
après quelques années. Cependant, la croissance économique demeure insuffisante pour
résorber le "chômage": chaque année, 250 000 demandeurs d'emploi
arrivent sur le marché du travail. En 1994, le taux de chômage s'élevait à
16 p. 100!.
Agriculture, forêts, pêche
Le secteur primaire occupe 1/3 de la population active et contribue pour
18 p. 100 à la formation du PIB.
La production est très dépendante des aléas climatiques. Ainsi, l'année 1994 s'était
révélée exceptionnelle après trois années de sécheresse, mais la sécheresse
prolongée de 1995 a de nouveau sérieusement menacé l'agriculture du pays.
Les principales productions sont les céréales, blé (31 p. 100 des terres
cultivées en 1994, 19e rang mondial) et orge (26 p. 100 des terres,
11e rang mondial) dont la production totalise 3 millions de tonnes. La pomme de
terre, les melons, les oliviers, la vigne, les légumineuses, les dattiers, la canne à
sucre et la betterave à sucre sont également cultivés. Le Maroc est un gros producteur
d'agrumes (1 275 000 t, dont 940 000 t d'oranges, 11e rang
mondial) principalement destinés à l'exportation avec les légumes d'hiver.
Le cheptel compte environ 15,6 millions d'ovins , 5,5 millions de caprins et
3,3 millions de bovins.
Le liège est l'une des principales ressources de la forêt marocaine, mais la plupart du
bois coupé est utilisé comme combustible
Les principaux centres de pêche sont Agadir, Safi, Essaouira, Casablanca, auxquels
s'ajoutent les centres côtiers du Sahara Occidental.
Mines et industries
Le secteur secondaire occupe 24 p. 100 de la population active et contribue pour
1/3 à la formation du PIB.
Le pays possède des ressources minières considérables : c'est le
3e producteur mondial de phosphate le 10e producteur de plomb
(70 000 t) et d'argent (333 000 t). On y extrait aussi du charbon, du
cobalt, du fer, du cuivre, du manganèse, du pétrole, de l'étain et du zinc.
Plus de 85 p. 100 de la production électrique est d'origine thermique, les
15 p. 100 restants étant produits dans des centrales hydroélectriques locales.
Industries
Des petites et moyennes entreprises assurent l'essentiel de la production industrielle du
pays : matériaux de construction, produits chimiques, textiles, chaussures, pétrole
raffiné, produits agroalimentaires (32 p. 100 de la production industrielle
totale), vins, sucre, etc. L'artisanat est également un secteur traditionnel
important : tissus, sellerie, céramiques, tapis et couvertures et ébénisterie de
haute qualité .Partout présent lors de nos visites, il est difficile de résister à
l'achat de l'un ou l'autre article!
Secteur tertiaire
Il occupe 41 % de la population active et contribue pour 49% à la formation du
PIB.
La monnaie est le dirham. De nombreuses banques sont installées dans tout le pays et nous
pouvons facilement prendre de l'argent aux guichets automatiques( progrès quand tu nous
tiens!)L'émigration marocaine et le tourisme permettent d'importantes rentrées en
devises étrangères Des banderoles sont accrochées aux banques pour souhaiter la
bienvenue aux émigrés (et à leurs investissements). Cependant, les menaces islamistes
qui pèsent sur le Maghreb ont considérablement ralenti la venue des touristes au Maroc,
et les recettes liées à ce secteur sont en régression (1,23 milliards de dollars
en 1994).
Le pays dispose d'importants équipements portuaires à Casablanca, Agadir, Kenitra, Safi
et Tanger mais un gros effort doit être entrepris pour l'accueil des plaisanciers,
nombreux a descendre la côte sans pouvoir ou oser s'arrêter au Maroc. Le manque de clubs
mais surtout d'un simple guide nautique découragent la plupart d'entre- eux. Au début
des années quatre-vingt-dix, le pays était équipé d'un réseau ferroviaire de
1 890 km et de 59 198 km de routes, dont 47% étaient bitumées et des
pistes encore difficiles il y a peu sont maintenant praticables en voiture normale. Royal
Air Maroc, la compagnie aérienne nationale, assure les liaisons intérieures et
internationales. On compte 19 aéroports au Maroc.
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