Trinidad
12 Février.
Nous partons à 2h du matin pour Trinidad, la distance est de 80 milles, nous comptons
donc minimum 12h de navigation.
Nous mettrons finalement 16h, la mer était forte et la houle croisée, la première
partie de la nuit nous avons du enlever le génois et prendre un ris dans la grand voile,
nous étions vent de travers et le bateau prenait de sérieux coups de gîte à cause des
vagues qui nous prenaient de côté.
Ensuite nous avons pu remettre un morceau de génois, mais nous avons eu plusieurs gros
grains avec des rafales à 30 nuds et avons été obligés de naviguer plus au
largue pendant les rafales. Ce qui nous a dérouté un peu et avons fini presque au près
dans une mer déchaînée.
Je crois que c'était la plus laide navigation depuis le début du voyage!
Heureusement , la baie de Chagaramas est très protégée de la houle et nous pourrons
laisser le bateau en sécurité au mouillage pour visiter l'île à notre aise et
participer au carnaval.
13-14-15 Février.
La baie de Chagaramas présente de nombreux chantiers nautiques, ainsi que des ports à
sec.
En effet, c'est l'endroit le plus sûr des Antilles pour hiverner son bateau à l'abri des
cyclones sans être trop éloigné des autres îles. Les voiliers peuvent donc naviguer
pendant la période des cyclones qui s'étend de juin à novembre, dans la zone
"Alizé sud" et les îles du Venezuela (ce qui correspond aux vacances d'été).
Nous profitons donc de ces opportunités pour nous renseigner pour hiverner le bateau et
pour faire réparer les "bobos" du bateau. Nous faisons passer un électricien
pour réviser le système de charge des batteries qui s'avère défectueux et un menuisier
pour faire un devis pour faire recouvrir le cockpit de lattes de teck (ça devrait être
moins cher qu'en Europe étant donné que le teck pousse ici).
Mais tous nos renseignements sont décevants: les prix ont fortement augmenté cette
année, l'hivernage coûte le double qu'en Europe, l'électricien nous demande 20000fb
pour un petit travail et le menuisier nous remet un devis de 100.000Fb pour le teck!
Nous ne ferons donc aucun travaux ici et chercherons à hiverner ailleurs (peut-être au
Venezuela).
16 Février.
Trinidad est une île importante: sa superficie est de 4828 Km2 et possède 1195000
habitants, c'est déjà un morceau du continent sud-américain dont elle n'est distante
que de 20 Km!
C'est aussi une véritable tour de Babel où l'on rencontre, non seulement des descendants
des colons espagnols, anglais, français, mais aussi des "z'indiens" (indoux et
musulmans), des Chinois, des Syriens et une population d'origine africaine.
Toute cette population aux origines ethniques différentes se retrouve pour célébrer
chaque année la grande fête annuelle, celle du carnaval sur fond de calypso.
Christophe Colomb découvrit cette île au cours de son troisième voyage en 1498. Elle
fut appelée Trinidad en raison de ses trois collines qui dominent la baie où il fit
escale. Ce nom évoquait aussi la Trinité.
Les Espagnols attendirent un siècle avant d'entreprendre sa colonisation et y développer
la canne à sucre.
L'île devint prospère et attira bien entendu l'attention des Hollandais, des Anglais,
des Français. Ceux-ci y firent tour à tour des expéditions, mais Trinidad resta
espagnole jusqu'en 1802, date à laquelle elle fut cédée par le traité d'Amiens aux
Britanniques.
Après l'abolition de l'esclavage en 1834 on fit venir une main d'oeuvre indienne.
De nos jours, les Indiens constituent plus de 40% de la population.
Malheureusement , les principales richesses de l'île sont maintenant le pétrole,
l'asphalte, le gaz naturel, mais il reste quand même le carnaval!
Nous prenons un taxi pour visiter Port of Spain (la capitale
de l'île).
Elle remplace depuis 1757 la ville de St Joseph fondée en 1592 par les Espagnols, elle
compte aujourd'hui 350.000 habitants et représente une ville typiquement coloniale.
Le taxi nous dépose dans la grand-rue commerçante.
Il y règne une telle effervescence que nous sommes apeurés tels des animaux sauvages,
c'est la première grande ville depuis Bridgetown à la Barbade (on ferait bien comme
Titoune: mettre les oreilles en arrière et détaller comme un lapin).
Nous faisons un gros effort et continuons prudemment, finalement ce n'est pas si terrible,
la ville présente quand même des immeubles modernes avec de grandes galeries où de
belles vitrines exposent des articles attrayants. Nous y trouvons des chaussures
"bateau" pour remplacer nos anciennes franchement usagées.
Nous nous dirigeons ensuite vers la grande avenue où nous pouvons visiter les 7
merveilles (Magnificent Seven).
Ce sont en fait de grandes demeures coloniales aux multiples influences architecturales:
britannique, française, italienne,
indienne, mauresque et baroque.
La plupart des 7 monuments à voir sont en ruine ou de toute façon ne se visitent pas.
Nous cherchons ensuite de quoi nous restaurer, partout dans la ville nous rencontrons des
self-services où l'on peut emporter les plats, nous avons un choix énorme entre la
cuisine indienne, chinoise, créole, italienne et d'autres. Nous optons finalement pour
des plats chinois, c'est excellent et bon marché, à ce prix là nous pouvons y retourner
tous les jours, ça nous coûterait plus cher d'acheter la nourriture et la cuisiner
nous-même!
Nous remontons ensuite l'avenue pour visiter le "National Museum et art
gallery".
Nous pouvons y observer des collections de minéraux et d'animaux empaillés que l'on
rencontre sur l'île, des galeries expliquant la culture de la canne à sucre à l'époque
coloniale, mais aussi l'exploitation de l'asphalte et du pétrole.
Une partie est également consacrée au carnaval: quelques costumes sont exposés et
surtout les photos des plus belles parures et chars des derniers carnavals.
L'étage est consacré à l'exposition d'oeuvres d'artistes locaux, mais le plus
intéressant est l'architecture du bâtiment (ancienne maison coloniale) avec des parquets
en bois exotiques partout et des soupentes aux larges poutres.
18-22 Février.
Nous louons une voiture pour 5 jours, afin de visiter l'île et de participer aux différentes festivités du carnaval.
Le 1er jour nous partons dans le nord de l'île, les débuts
sont difficiles: ici on roule à gauche et la conduite de la voiture se trouve à droite,
mais heureusement c'est une boite automatique, on ne doit donc pas se préoccuper des
vitesses.
De plus, les routes sont en mauvais état, les accotements sont souvent creusés et des
éboulements encombrent la route.
Nous arrivons prudemment sur la côte Nord par une petite route sinueuse, pour une fois le
beau temps n'est pas au rendez-vous, il pleut et l'atmosphère est chargée à 100%
d'humidité.
La première plage que nous rencontrons n'est pas très accueillante: des dizaines de
vautours y sont installés, tout dégoulinants
sous la pluie. Drôle de vision qui fait froid dans le dos !
Nous continuons notre chemin et tombons sur une autre plage beaucoup plus vaste mais bien
entendu déserte puisqu'il pleut, par beau temps, c'est une plage très fréquentée.
Nous cherchons de quoi dîner: de petites échoppes sur la plage affichent du requin mais
vu le mauvais temps il n'y a plus rien, la seule chose qu'on nous propose est de la
marijuana!
Nous poursuivons notre route par "Blanchisseuse" une
partie particulièrement jolie de la côte; nous essayons de nous enfoncer dans des coins
encore plus pittoresques en empruntant des ponts suspendus où il existe tout juste deux
poutres pour poser les roues! Nous descendons de la voiture pour l'alléger au maximum et
laissons à Philippe le soin de jouer les équilibristes.
IL arrive sans encombre de l'autre côté, nous continuons quelques Km sur un chemin de
terre, mais étant donné la pluie, il fait très boueux et nous sommes obligés de
rebrousser chemin.
Nous reprenons la route pour nous diriger vers Arima, ici la nature est splendide,
débordante de verdure, nous retrouvons la végétation de type amazonienne, nous y
rencontrons de nombreux oiseaux et également des papillons bleus immenses (de la taille
d'une assiette).
Nos ventres crient famine et la route n'en finit plus , nous nous enfonçons dans une
végétation de plus en plus compacte et le chemin se rétrécit et devient très sinueux.
Nous arrivons finalement à Arima où nous nous précipitons dans une boulangerie et
achetons des petits pains au coco tout chauds, quel régal, il était temps nous allions
tomber d'inanition, la prochaine fois nous prendrons notre pique-nique!
Le deuxième jour, nous repartons accompagnés de Marine et Pascal et empruntons la route de Diego Martin (toujours au
Nord) pour rejoindre les "Waterfalls " de Blue
Bassin.
L'endroit est superbe: de hautes chutes d'eau tombent dans un bassin limpide entouré
d'une végétation luxuriante dont les racines descendent en rideau. Nous enfilons notre
maillot de bain et nous glissons dans cette eau fraîche avec délice.
Qu'il est agréable de sentir cette eau douce sur sa peau après la morsure perpétuelle
du sel marin!
Les jeunes du village s'amusent à plonger d'un promontoire dans la partie la plus
profonde du bassin, nos enfants les imitent et
s'amusent un bon moment à passer sous les chutes
d'eau.
Nous reprenons ensuite la route pour visiter le "Caroni bird Sanctuary",
il s'agit en fait d'une promenade guidée en barque dans la mangrove sur la côte W de
l'île où nous pouvons observer la faune et la flore spécifiques.
Nous embarquons à 16h (l'heure propice pour observer les oiseaux), d'emblée nous nous
faisons assaillir par les moustiques particulièrement voraces, nous nous badigeonnons de
lotion "Off" mais rien n'y fait nous sommes couverts de gourmes, tant pis!
Durant la promenade, le guide à l'oeil entraîné, nous arrête devant des serpents
lovés dans les branches de palétuviers, ce sont
de petits boas inoffensifs à l'homme, mais drôlement utiles à l'environnement.
Nous pouvons observer également de petits crabes et des oiseaux nocturnes assoupis dans
les arbres.
Le guide pousse ensuite le moteur pour nous conduire près d'un îlot où les oiseaux
viennent s'installer pour y passer la nuit.
Il s'agit d'un dortoir où des centaines d'ibis rouges , de hérons bleus et d'aigrettes
viennent pour dormir.
Nous assistons pendant une bonne heure à un véritable ballet continuel, où les ibis
rouges se détachent sur le ciel assombri,
c'est superbe!
Vers 18h lorsqu'il fait presque noir, l'îlot est couvert d'oiseaux, on dirait un arbre de
Noël avec toutes ses boules rouges!
Nous revenons ensuite au point de départ à la lampe de poche en essayant de démasquer
de petits yeux brillants à la surface de l'eau, mais sans succès: les caïmans ont
décidé de ne pas se montrer aujourd'hui.
La faune et la flore de la Mangrove.
Plants Animals
1. Button Mangrove
9. Land crab
2. Black Mangrove
10. Mangrove free crab
3. Red Mangrove
Birds Underwater
4. Great blue heron
11. Mangrove oyster
5. Little blue heron
12. Flat tree oyster
6. Green-backed heron
13. Upsidedown jelly
7. Mangrove cickoo
14. Mangrove upsidedown jelly
8. Belted kingfisher
15. White mulet
16. Long-spined black urchin
17. West indian sea egg
18. Queen conch.
Le 3ème jour nous visitons le zoo de Port of
Spain particulièrement intéressant puisque nous pouvons y observer les
différentes espèces vivant sur l'île, ce n'est pas toujours rassurant: c'est
ainsi que nous avons appris qu'il existe des serpents dont la morsure est mortelle!
Brrr...
Nous y déambulons pendant deux bonnes heures en photographiant les animaux afin de vous
les montrer et notons les noms (certains en Anglais) à vous d'essayer de les retranscrire
en Français.
Mapepire z'ananna - Lachesis muta (Surucucù) Water cobra
Le redoutable Fer de lance - Urutu (botrops alternatus) La promenade des serpents!
Boas inoffensifs Caïman
Agouti Varan
Toucan Ce petit hibou ne fait que 10 cm de haut!
L'après-midi, nous assistons à une des premières
manifestations du carnaval: il s'agit des préliminaires des Steel-bands.
Les Steel-bands sont, comme je vous en ai déjà parlé au nouvel-an, des groupes de
percussions particuliers dans la mesure où ils utilisent des "pans": tonneaux
métalliques de toutes dimensions allant de l'énorme fût (accompagnement au niveau des
graves), aux grandes assiettes surmontées d'un pied (mélodie).
Les musiciens du groupe sont en général très nombreux: ils comptent parfois plus d'une
centaine, et déplacent leurs instruments sur d'énormes chariots à roulettes ce qui leur
permet également de jouer en rue tout en défilant!
Ici, il s'agit d'un concours (première sélection) dans un immense stade où la scène
est spécialement aménagée pour le déplacement des groupes: elle possède un plan
incliné de chaque côté, ce qui permet aux groupes de monter sur la scène en poussant
leurs chariots pendant que le groupe qui a terminé descend de l'autre côté, ce qui
donne une certaine continuité au spectacle.
Chaque groupe joue environ 1/4 d'heure et interprète 2 morceaux: un imposé et un
individuel.
Les chariots sont regroupés au centre de la scène: les solos au centre et
accompagnements autour et sur les côtés comme dans un orchestre.
Ici, pas besoin de micro, ni d'amplificateurs, le niveau du son est tel , que tout le
stade les entend comme s'il se trouvait à l'intérieur du groupe.
C'est une musique très spéciale et qui dégage une ambiance terrible! Dans les gradins
des jeunes, tout le monde est debout et danse au rythme de la musique et tient le coup à
grands renforts de rhum et de Caribe (bière locale).
Les gradins des plus calmes présentent des places assises, mais il n'y a pas moins
d'ambiance: les familles s'installent avec d'énormes frigo box et ingurgitent des
quantités impressionnantes de nourriture préparée chez eux, ainsi que du rhum (même
les plus grands enfants y ont droit!).
36 groupes participent à cette première sélection, mais nous devrons quitter avant la
fin: il est 2h du matin et nous ne sommes qu'au 20ème groupe. Hélas, les favoris se
trouvent en dernière position. Nous aurons encore l'occasion de les voir en 1/2
finale.
Les steel-bands trouvent un impressionnant essor sur Trinidad et Tobago, il s'agit
vraiment d'un style musical particulier à ces îles. Pratiquement tous les habitants font
partie d'un groupe au cours de leur vie: la compétition en compte déjà une centaine
sans compter les petits groupes qui ne se présentent pas!
Ils apprennent à jouer de ces instruments même à l'école, c'est presque aussi
important que les Maths ou l'Anglais.
De premier abord ça a l'air très facile, mais il faut une bonne oreille musicale: pour
ce genre de musique il n'y a pas de partition, ils jouent d'oreille et je vous assure que
c'est impeccable: tout le monde joue en rythme et sans chef d'orchestre!
Je crois que si on essayait ça avec les jeunes européens, ce serait désastreux: la race
blanche est nettement moins douée dans ce domaine.
Chez eux, à Trinidad, on naît avec le rythme dans la peau et on l'entretient sans cesse,
la vie est bien plus cool en musique!
Mais il faut dire qu'ils ont le soleil et 30° de moyenne et que, quand il fait beau, tout
le monde a envie de danser!
Le 4ème jour nous partons visiter le sud de l'île, nous
empruntons la route de San Fernando en longeant la côte jusqu'au Pitch Lake. De nouveau ,
il pleut et de plus la route est en rénovation, nous roulons dans 10cm de boue et on nous
arrête sans cesse pour laisser passer les camions du chantier.
Cette partie de l'île ne possède rien d'attrayant: les habitations sont en béton et les
fenêtres sont grillagées.
Nous nous arrêtons un moment sur la plage du Pich Point pour observer les nombreuses
plates- formes pétrolières qui se
dressent à l'horizon.
Le pétrole est une des principales ressources de l'île, c'est évidemment moins
sympathique que la culture de canne à sucre, mais ça rapporte probablement beaucoup
plus.
Nous roulons ensuite vers le Pitch Lake, qui est un lac d'asphalte naturel, c'est
également une ressource importante de l'île.
Arrivés au parking du site, nous sommes assaillis par un faux guide qui nous fait des
salamalecs et insiste pour nous faire la visite, la guide officielle arrive ensuite et se
dispute énergiquement avec lui pour faire valoir ses droits.
La conversation dégénère tellement que nous sommes dégoûtés et partons sans visiter
le lac sous l'oeil étonné de nos interlocuteurs!
Le lac n'a en fait rien de particulier, de loin on dirait un parking en mac macadam et ça
ne valait pas la peine de le visiter de plus près. Nous nous sommes arrêtés un peu plus
loin au sommet d'une colline pour faire une photo d'ensemble, ça suffisait
largement.
Nous repartons ensuite par la route de Siparia et remontons vers New Grant et puis Rio
Claro.
Le paysage change du tout au tout: ici nous nous trouvons en Inde: nous rencontrons des
paysages très verts où broutent des
buffles d'eau.
Les habitants sont essentiellement des Indous et vivent dans de petites cabanes sur pilotis (cases).
Nous remontons ensuite vers Flanagin Town et traversons notamment d'immenses cultures de
Teck (teak en anglais).
Ce sont en fait des arbres aux larges feuilles dont le tronc est particulièrement rouge.
Ce bois est réputé chez les constructeurs navals puisqu'il résiste particulièrement à
l'eau de mer.
On l'utilise notamment comme matériau de recouvrement de pont. Le teck est plus agréable
au contact que le polyester et surtout ça glisse nettement moins lorsqu'il est mouillé.
(ce qui n'est pas négligeable par mer forte).
Nous rentrons ensuite par les autoroutes de Port of Spain, il pleut à seaux, c'est
vraiment la drache tropicale.
Espérons que demain le temps s'arrangera, c'est notre dernier jour de location.
Le 5ème jour, nous reprenons la voiture pour visiter l'Asa
Wright Center qui se trouve au centre de la partie Nord de l'île.
Cette fois Marine et Pascal sont de la partie.
Nous empruntons la route d'Arima et à partir de là prenons la petite route sinueuse qui
se dirige à travers la forêt tropicale vers Blanchisseuse (voir 1er jour).
A peu près à mi-distance, se trouve l'Asa Wright Center: c'est en fait une ancienne
maison coloniale qui accueille les touristes.
Ils organisent des promenades guidées afin d'observer les nombreux oiseaux ainsi que la
flore particulière à l'endroit.
Pour cela nous avions revêtu nos tenues de randonnées, la végétation est semblable à
celle de la Rain Forest à Grenade et étant donnée l'expérience périlleuse que nous
avions vécue, nous préférions cette fois être parés!
Mais cette fois, ça n'avait rien de comparable, nous sommes tombés dans une ambiance
particulièrement English et la visite n'avait rien de physique étant donné l'âge moyen
des autres visiteurs du groupe.
On nous emmène d'abord à l'intérieur de la maison en passant par des couloirs dont le
sol est habillé de parquets cirés aux senteurs exotiques, les murs sont recouverts de
photos des premiers coloniaux ayant habité cette maison.
Nous arrivons sur une terrasse couverte superbe: des parquets très bien entretenus
recouvrent également le sol et trois petits salons en osier nous accueillent pour prendre
le thé.
Du balcon nous pouvons déjà observer les oiseaux qui viennent se nourrir dans les
mangeoires installées à cet effet.
Nous photographions notamment des colibris qui viennent boire le nectar en volant sur
place ainsi que des dizaines d'oiseaux
multicolores.
D'autres petits animaux viennent grappiller la nourriture destinée aux oiseaux, nous
avons pu observer de petits écureuils roux
appréciant particulièrement la pastèque, un iguane et un capibara.
Après le thé, le guide nous invite à descendre dans le jardin pour commencer la visite.
Nous avançons (très lentement) et observons chaque espèce d'arbre rencontrée avec les
commentaires très complets de notre guide.
Hélas, le guide parle anglais, nous comprenons bien la langue , mais lorsqu'il s'agit de
matière spécifique comme dans cette situation, c'est très difficile de suivre, de plus
ils parle vite et avec l'accent local.
Une demi-heure après le début de la promenade, la pluie a commencé à tomber et de
commun accord, tous les visiteurs Anglais se sont éclipsés et ont rejoint la maison
accompagnés de notre guide!
Nous étions sidérés: pourtant les anglais ne devraient pas avoir peur d'un peu de
pluie!
Pour ne pas s'être déplacés pour rien, nous avons décidé de continuer seuls et avons
emprunté un sentier balisé à travers la
forêt, ce qui nous a prolongé la promenade d'une bonne heure.
De retour au centre on nous a offert de nouveau le thé avec un excellent sandwich garni
fait de pain artisanal gris.
Nous avons particulièrement apprécié parce que sur l'île, le pain est immangeable et
le jambon inexistant.
Après s'être à nouveau plongé dans cette ambiance typiquement British, nous avons
repris la route et en passant à Port of Spain, nous avons visité un "Mask
Camp".
Le carnaval demande en fait de très longs préparatifs: dès le 1er janvier on commence
à fabriquer les costumes.
Des groupes se forment et les personnes d'un même groupe portent le même costume ou un
costume assorti aux autres.
Il existe donc des "Mask Camps" donc des fabriques de costumes où l'on peut
venir choisir et commander son costume et faire ainsi automatiquement partie du groupe
lors de la parade du carnaval.
Les costumes sont en général très "légers", vu la t° moyenne à Trinidad.
Ce sont en fait des maillots de bain améliorés d'une multitude de plumes et paillettes.
Leurs chapeaux sont en général très travaillés, tout se fait à la main et représente
une quantité importante d'heures de travail!
Chaque costume coûte environ 10000 FB, cela représente une somme faramineuse pour eux,
mais le carnaval passe avant tout, ils préfèrent se priver toute l'année et participer
pleinement au carnaval.
23 Février.
Nous réparons l'annexe, le plancher se décolle sur toute sa longueur et nous
naviguons avec de l'eau jusqu'aux chevilles.
Pour cela, nous devons la sortir de l'eau, la sécher convenablement et la recoller,
ensuite un temps de séchage de 48h s'impose.
Pendant ce temps, Zéphir nous prête son annexe pendant leurs visites à terre.
26 Février.
Nous assistons à la sélection des Queens et Kings au
carnaval des enfants.
Le défilé se passe dans les rues d'Adam's Square. Chaque enfant passe devant jury en
dansant au rythme des musiques du carnaval. Les costumes sont tous superbes et prennent
des dimensions telles qu'ils viennent parfois rivaliser avec ceux des adultes.
Certains prennent l'allure de chars: ils sont tellement lourds qu'ils sont obligés de les
supporter à l'aide de trépieds sur roulettes.
Ici aussi cela demande beaucoup d'argent et de main d'oeuvre de la part des parents qui ne
sont pas toujours aisés.
Les enfants prennent cela très au sérieux: ils patientent d'abord dans une file en plein soleil une bonne heure sans broncher, et au moment de passer s'appliquent pour mettre en valeur leur costume en dansant pour en présenter toutes les facettes.
Nous en profitons pour faire une multitude de photos et de films, nous n'aurons peut-être
plus l'occasion d'y assister, alors
autant faire le plein d'images!
27 Février.
Aujourd'hui c'est mon anniversaire, je ne vous dirai pas mon âge, vous ne me croiriez
pas!
Pour fêter cela, nous allons assister à la 1/2 finale des steel-bands au Savannah Park
où nous nous laissons envoûter par la musique des meilleurs groupes jusque 22h, ensuite,
l'estomac dans les talons, nous cherchons un bon restaurant à Port of Spain, mais en
vain. La plupart des restaurants sont fermés le dimanche, nous rentrons donc à la Marina
et prenons un menu au resto de Cruis Inn. C'était excellent: crabe farci et poisson
façon créole le tout accompagné de.....bière!
Hélas ici le vin est hors prix et nous avons oublié de mettre notre bouteille de
champagne au frais.
Tant pis, ce sera pour une autre occasion!
29 Février.
Nous assistons aux présélections des Queens et Kings
(adultes) au stade du Savannah Park.
Le spectacle est grandiose, chaque costume est soutenu par un char et prend parfois des
dimensions à la limite de l'écroulement, certains ont tellement de difficultés à se
mouvoir qu'ils sont incapables de faire demi-tour et sont véritablement
prisonniers de leur montage!
Chaque candidat est soutenu par le rythme du carnaval et parfois présente des effets
spéciaux tels que fumées et lumières, le
tout actionné grâce à un petit groupe électrogène incorporé au costume!
Il faut le voir pour le croire, je pense que c'est un spectacle tout à fait exceptionnel
et unique au monde!
Hélas les photos et films étaient interdits pendant le spectacle (ils veulent conserver
leur patrimoine), j'en ai quand même fait quelques-unes pour alimenter le site, mais je
me suis fait réprimander 3 fois par le service de sécurité!
5 Mars.
Aujourd'hui, c'est la grande finale au Savannah Park, les meilleures de toutes les disciplines du carnaval font partie d'un spectacle
grandiose.
Mais comme nous avions tout vu séparément aux différentes pré-sélections, nous avons
préféré faire partie des coulisses.
Un jeune faisant partie de la sécurité nous a laissé entrer dans le domaine (moyennant
quelques bières) et nous avons pu
assister au début du spectacle carrément à côté de la scène!
Ensuite nous avons déambulé à notre aise en observant les participants qui se
préparaient: c'est ainsi que nous avons pu observer les costumes de près et discuter de
leur thème avec les concepteurs.
Les costumes sont en fait pris en charge entièrement par les particuliers et certains
représentent une somme colossale!
Nous assistons ensuite aux dernières répétitions des steel-bands et cette fois nous
pouvons approcher à notre aise et même
entrer dans l'orchestre pour admirer leur technique.
Nous sympathisons avec les lauréats: les "Desperados" et achetons leur T-shirt
pour les supporter.
Il existe une discipline du carnaval dont je ne vous ai pas parlé: le "Calypso".
Il s'agit de chanteurs de complaintes exprimant la vie à Trinidad et les problèmes
politiques et sociaux de l'île.
Nous n'y avons pas beaucoup assisté parce que les paroles sont trop subtiles pour que
nous comprenions le sens en Anglais et de plus ces chansons ne sont pas spécialement
mélodieuses. C'est un peu comme si vous essayiez de comprendre Raymond Devos ou François
Pirette en anglais!
Vers 4h du matin commence le "J'ouvert" c'est à
dire l'ouverture du carnaval proprement dit.
Tout le monde descend dans les rues de Port of Spain accompagné de son groupe et danse en
se badigeonnant l'un l'autre de couleurs, tout le monde termine en caméléon!
C'est en fait la grosse guindaille où le rhum et la bière coulent à flot, c'est
pourquoi nous n'y sommes pas allés, nous craignions les bagarres, ce serait dommage
d'être victime de violence en de telles circonstances.
Mais nous avons eu des échos de Marine et Pascal qui y ont participé, il paraît que ça
se passe très bien, sans violence.
Les gens ici sont moins agressifs qu'en Europe et le système de sécurité est très
efficace.
6 Mars.
Happy birthday to you my lovely husband!
Eh oui, cette fois c'est au tour de Philippe. Il a de la chance, pour son anniversaire
nous assisterons à la Parade des Bands, c'est en fait l'apothéose du carnaval qui durera
2 jours et se terminera donc le 7 mars à minuit.
C'est ici que les Mask bands défilent dans les rues au son des rythmes du carnaval.
Chaque band est supportée par un orchestre ou une discothèque portée par d'énormes
camions semi-remorques.
Ici, les décibels n'ont pas de limite, c'est parfois à la limite du supportable,
lorsqu'ils passent à côté de nous, nos cheveux volent et notre poitrine bat au rythme
de la musique!
Le défilé est interminable et tous les groupes sont haut en couleur et l'ambiance est
formidable: des milliers de personnes se trouvent dans les rues et tout se passe très
bien sans heurt, nous n'avons pas vu une seule bagarre: la moindre manifestation de
violence est étouffée par le système de sécurité: chapeau!
Il faudrait en prendre de la graine chez nous, ne serait-ce que pour les matchs de foot!
En fin de journée tous les groupes défilent à nouveau devant un jury qui se trouve au
stade du Savannah Park pour décerner le prix des Queen et King of de road!
Ensuite le défilé continue dans les rues, cette fois accompagné du public (dont nous
faisons partie), et tout le monde danse, evrybody jump, hands in the air !
8-11 Mars.
Le carnaval est fini, nous regrettons un peu cette ambiance formidable qui nous a
accompagnés presque un mois!
Maintenant il faut se décider pour la suite de notre voyage, mais avant cela il faut
réserver les billets d'avion pour notre retour en Belgique fin avril. Certaines
compagnies sont hors prix: ici à Trinidad, il faut 60 milles francs pour rentrer en
Belgique, heureusement , à Margarita les prix sont plus raisonnables (17 milles) mais
nous ne pouvons réserver que 15 jours à l'avance, c'est un risque à prendre, nous
essayerons donc de nous trouver sur place début avril.
Entre-temps, nous faisons la connaissance d'équipages français qui se préparaient à
visiter le Delta de l'Orénoque.
Ils ont un guide nautique et nous persuadent de les accompagner.
Nous achetons également le guide récent à la capitainerie, sans cela nous n'aurions pas
osé nous lancer, il ne faut pas oublier que nous avons deux mètres de tirant d'eau et
les renseignements précis sur la profondeur des eaux ainsi que les marées et courants
nous étaient absolument indispensables.