Les Canaries
2-3 Octobre.
Nous partons pour les Canaries vers 10 heures du matin.
Le vent est bon (au portant), mais la mer est un peu houleuse. Au cours de la journée, le
vent monte de plus en plus pour atteindre 6 à 7 beauforts au début de la nuit, nous
installons un ris dans la grand-voile et enroulons le génois.
La mer est très agitée, nous sommes malmenés par une houle croisée qui provoque de
violents rappels du bateau.
La barre est extrêmement dure, nous sommes obligés de nous relayer toutes les heures.
Les enfants sont dispensés de quart, nous préférons les caler convenablement dans leur
couchette et les garder en sécurité à l'intérieur du bateau.
Nous mettons nos complets cirés et nos harnais pour éviter d'être expulsés du bateau
lors des rappels de barre.
Nous luttons toute la nuit et la matinée avec une fatigue grandissante, nos épaules et
le dos nous font mal tellement l'épreuve est physique. Nous avalons de temps en temps un
biscuit pour tenir le coup (il est impossible de cuisiner par cette mer).
Heureusement, la houle se calme un peu l'après-midi et nous pouvons donner la barre à
Cédric et nous reposer un peu.
Vers 16h, nous apercevons le 1er rocher qui se trouve en face de Lanzarote (Roque del
Oeste), c'est incroyable nous avons battu tous les records de vitesse, nous avons fait une
moyenne de 8 nuds, ce qui nous a réduit le temps de traversée de + de 12 heures!
Tant mieux, nous n'aurions pas tenu une nuit de plus dans ces conditions. Le problème
dans ce type de temps, c'est la houle: lorsque la mer est croisée, le pilote automatique
décroche et nous sommes obligés de barrer. Il faudrait un pilote plus costaud, mais cela
coûte une fortune et nous avons déjà fait trop de frais sur le bateau.
Nous arrivons vers 18h au petit port de l'île de Graciosa, l'amarrage nous réserve
encore une dernière épreuve avant de se reposer: des amarres flottantes traînent au
milieu du port et s'emmèlent autour du safran, Philippe est obligé de plonger pour aller
les dégager, mais ce n'est pas tout, au moment de s'amarrer au quai, les autres
plaisanciers nous disent qu'il ne reste plus de pendille pour nous! Philippe doit plonger
à nouveau pour s'amarrer à la pendille du voisin et tout cela avec la fatigue de la
navigation! (il y a des jours comme cela...)
Après avoir rangé le capharnaüm qui se trouvait à l'intérieur du bateau (tout était
sorti des équipets, ce qui n'était pas bien calé se retrouvait par terre, nous
marchions sur un tapis d'objets divers: vêtements, cahiers, livres, paquets de
biscuits...), nous sommes allés nous restaurer au petit restaurant de pêcheurs qui se
trouve sur le port.
Un repas bien mérité après deux jours de navigation le ventre vide!
Lundi 4 Octobre.
Nous nous reposons au petit port de La Graciosa.
C'est une jolie petite île avec un ancien petit village de pêcheurs. Les rues de sable
sont larges et dégagées et les maisons basses sont peintes dans les tons de bleu et
blanc.
Il y règne un calme étonnant: pas de bruit, pas d'agitation inutile, les gens du village
sont d'une sérénité exemplaire.
Cette ambiance nous convient parfaitement après l'épreuve des derniers jours.
Il y a très peu de touristes, les seuls qui arrivent jusqu'ici viennent sac au dos
en barque de Lanzarote et s'installent au camping sauvage sur la plage pour quelques
jours.
Mardi 5 Octobre.
Nous naviguons jusque la pointe extrême sud de l'île de
Lanzarote en longeant la côte Nord.
Nous en profitons pour admirer la côte sauvage essentiellement volcanique et inaccessible
en voiture.
De notre bateau, nous avons l'impression de naviguer à côté de la planète Mars. Les
imposants cratères volcaniques alternent avec les coulées de lave rougeâtre et les
plaines désertiques dans les tons de noir et de jaune souffre.
Le soir, nous arrivons au port de la Playa Blanca espérant trouver une place au quai,
mais nous tournons désespérément pendant une heure, nous faisant rejeter de toute part.
Vraisemblablement ils n'ont pas de place pour les plaisanciers de passage et n'en
veulent pas!
Finalement, un plaisancier compatissant nous invite à nous amarrer à couple de son
bateau jusqu'au lendemain, ce qui nous permettra de laisser le bateau en sécurité
pendant que nous visitons l'île. Ouf!
Mercredi 6 Octobre.
Nous louons une petite voiture pour visiter l'intérieur de
l'île.
Nous passons d'abord par Puerto del Carmen pour aller voir les premiers arrivés de la
mini-transat.
La mini-transat est une course de petits voiliers de 6,50m, ils partent de Bretagne et se
rendent en Martinique.
La première étape se fait donc à Lanzarote et nous étions au courant de leur arrivée
grâce à la VHF.
Puerto del Carmen est nettement plus accueillant que le port où nous sommes arrivés,
c'est une marina privée bien équipée: les bateaux ont l'électricité et l'eau au
quai et disposent de douches chaudes dans les sanitaires. J'avais d'ailleurs prévu le
coup et avais emporté les serviettes de bain et le shampoing pour en profiter incognito!
Nous rendant sur le quai de la mini-transat, nous sommes étonnés de la petitesse des
bateaux: 6,50m c'est vraiment minuscule pour affronter la haute mer, ça donne
l'impression de naviguer sur un dériveur du type 470!
Mais ce sont des bateaux très performants, ils avancent à une moyenne de 12 nuds
alors que nous n'en faisons que 6 pour une longueur de 11,50m!
Nous avons eu l'occasion de discuter avec le père d'un concurrent qui rangeait le bateau.
Apparemment, la première étape n'a pas été sans mal, le passage du Golf de Gascogne a
été pénible, ils sont tombés en pleine dépression.
Comment font-ils pour tenir le coup: ils sont seuls sur leur bateau et dans ces conditions
de mer, ils ne peuvent pas se permettre de se reposer (ils doivent être bourrés de"
Captagons").
Nous empruntons la route vers le nord, à Guatiza nous pouvons observer les élevages de
cochenilles: ce sont en fait d'immenses champs de cactus où se reproduisent
ces insectes destinés à la production d'une teinture rouge.
Nous bifurquons ensuite vers la côte pour visiter le port de pêche d'Arrieta
et sa plage de basalte noir.
Un peu plus loin sur la côte nous assistons à une sinistre découverte qui nous touche
particulièrement: un voilier a été drossé à la côte et a été récupéré dans les
rochers complètement éventré, son contenu éparpillé sur la plage, la Croix Rouge
était sur place. Ont-ils retrouvé le propriétaire? Nous ne saurons pas le fond de
l'histoire, mais ce type d'accident ne m'étonne pas, après les conditions de mer que
nous avons eues. Si le propriétaire est tombé à l'eau, il n'est pas étonnant qu'avec
les vents dominants, son voilier ait été poussé à la côte à la pointe Nord de
l'île.
A Jameos del Agua, nous avions également l'occasion de visiter
des grottes dont la Cueva de Los Verdes.
Ces tunnels volcaniques, creusés par les explosions de gaz relient le Monte Corona à la
mer.
Il paraît qu'ils ont servi de repaires de pirates à l'époque.
Mais en voyant les dizaines d'autocars de touristes sur le parking d'entrée, nous avons
renoncé, les visites des grottes à Majorque nous ont laissé un mauvais souvenir!
Nous sommes donc remontés dans la voiture et avons pris la route de Haria, traversant la
vallée des Mille Palmiers.
Cet "Oasis" abrite la plus grande "palmeraie" de toutes les
Canaries qui ne se compose que de quelques palmiers malades. Il n'y a pas de quoi se
vanter !
Nous prenons ensuite la route du centre en traversant un paysage semi-lunaire: la
gigantesque secousse volcanique et sismique qui a eu lieu à Lanzarote en 1730 a recouvert
le sol de coulées de lave et ensuite d'avalanches de scories et de cendres.
Depuis, les flancs du volcan ont été exploités: nous traversons toute une région
viticole.
Chaque pied de vigne est planté seul et entouré de murets de pierres de lave.
De loin on aperçoit des centaines de petits cercles noirs avec une tache verte en son
centre, c'est très curieux!
Nous avons calculé notre temps pour arriver au coucher de soleil au parc national du
Timanfaya comme ils le conseillent dans les guides. Mais arrivés sur place, la barrière
était fermée: les visites se terminaient à 17h, publicité erronée!
Le Timanfaya est une montagne dont le cône volcanique endormi
culmine à 510m.
Normalement un autocar vient nous chercher à la barrière pour en faire le tour, mais
comme c'était fermé, nous l'avons admirée du bas, ce n'était pas plus mal, surtout que
nous étions seuls sur cette route et les couleurs du volcan étaient superbes au coucher
de soleil.
Nous revenons ensuite au bateau en passant par ce paysage diabolique et profitons de la
voiture pour faire une bonne provision d'eau et de nourriture fraîche au supermarché du
port
Jeudi 7-Vendredi 8.
Le temps nous presse, mes parents viennent nous rejoindre le 8
pour 10 jours à Ténérife et nous sommes encore à 2 jours de navigation.
Nous aurions voulu visiter Fuerteventura et Gran Canaria, mais ce n'est pas possible, il
faudrait encore une semaine devant nous! Tant pis, on ne va quand même pas les faire
attendre!
Nous décidons donc de mettre le cap directement sur Ténérife en
naviguant une journée et une nuit non-stop Nous arrivons donc le 8 à 10h du matin en
face de Los Christianos et mouillons juste en face de leur
hôtel.
Nous pensions qu'ils pouvaient nous voir de leur chambre, mais leur terrasse donnait sur
le côté de l'immeuble.
Nous décidons donc de descendre à terre, gonflons l'annexe et ramons jusque la plage de
l'hôtel.
En entrant dans l'hôtel, nous sommes impressionnés par le hall d'entrée: tous les
balcons des étages donnent sur le hall central et sont abondamment garnis de plantes
tombantes. Nous avons l'impression de nous trouver sous une cascade de verdure, c'est
superbe!
Après les retrouvailles, nous décidons de leur montrer le bateau (c'est la première
fois qu'ils avaient l'occasion de le voir, avant cela le bateau se trouvait en
Grèce et puis à Martigues, et comme ils ne sont pas particulièrement voyageurs...)
En arrivant sur la plage pour monter dans l'annexe, nous nous apercevons que le vent a
monté et que les vagues déferlent sur la plage. Pour monter dans l'annexe, nous devons
attendre entre 2 vagues, courir, monter très vite et ramer à toute vitesse pour ne pas
avoir la déferlante suivante.
Nous faisons l'opération en 2 fois parce que l'annexe est trop petite pour prendre tout
le monde.
La première fois, impeccable: Philippe et les enfants sont arrivés sans une
éclaboussure.
Par contre avec Mamy et Papy, c'était moins réussi: au moment de monter, une vague s'est
abattue sur le canot et nous avons tous été bien rincés!
C'est pas de chance pour la première fois qu'ils venaient sur le bateau, ils ont été
baptisés d'emblée!
Mais heureusement, Mamy avait prévu le coup et avait mis une tenue adéquate et elle a
passé l'épreuve d'une manière tout à fait stoïque!
Après avoir fait la visite de Belle Lurette, nous avons passé le reste de la journée
ensemble et avons soupé à l'hôtel.
Chaque soir ils présentent un buffet gargantuesque, aussi, on s'en est mis jusqu'au
dessus de la "golette"!
11 Octobre.
Nous louons une voiture pour faire la visite de l'île
ensemble.Nous ferons la visite en 2 jours: aujourd'hui la partie W de l'île avec la
réserve du Teide et demain la partie Est.
Nous empruntons une petite route escarpée à travers les montagnes, le paysage devient du
plus en plus vert plus nous montons.
Arrivés dans le parc national du Teide, la végétation est abondante et ressemble fort
à nos forêts dans les alpes.
Au creux de la forêt, nous rencontrons plusieurs chasseurs avec une remorque de
chiens de chasse d'une race particulière à la région: ce sont des chiens très grands
et très minces, ils ressemblent un peu aux lévriers en plus costauds, leurs ancêtres
sont les verdinos. C'étaient des chiens particulièrement grands et costauds, ils
étaient redoutés par les conquistadores lors de leur invasion. Ils les ont finalement
tous exterminés et il ne reste à présent qu'une race apparentée.
Nous nous arrêtons auprès d'un groupe de chasseurs et ils nous montrent très gentiment
le fruit de leur chasse: ce sont de petits lapins sauvages qu'ils attrapent également à
l'aide d'un furet.
Pour dîner , nous choisissons d'ailleurs une auberge de chasseurs et prenons le plat de
circonstance: un lapin façon chasseur!
Nous descendons ensuite dans la plaine qui se trouve au pied du Teide .
Le pic de Teide est le plus haut sommet d'Espagne
(3718m).
Une crête dorsale parcourt l'île du Nord-Est au centre, pour culminer au
Teide, lui-même encerclé par l'immense cratère de Las Canadas. L'ensemble du massif
constitue le Parc National du Teide.
Le volcan dort depuis 1798 et est souvent recouvert de neige en Décembre.
Le paysage aux alentours du Teide ressemble fort à ce que nous avons déjà observé à
Lanzarote, mais est plus vaste et présente plus de variétés géologiques.
Nous observons tantôt des coulées de laves aux couleurs différentes suivant l'époque
de leur éruption, tantôt des hautes dunes de sable blanc. Mais aussi d'immenses
cratères bordés de chaînes de montagnes où s'accrochent des nuages effilochés et leur
donnent un caractère
inquiétant.
Ce type de paysage doit bien convenir pour tourner les films qui se passent sur d'autres
planètes ("Enemy").
Nous prenons ensuite la route de Puerto de la Cruz pour y
visiter le jardin botanique d'acclimatation.
Ce jardin a été crée en 1788 pour acclimater les plantes exotiques sur le sol Canarien.
Ils accueillent une flore inouïe venant du monde entier.
Nous y déambulons tout en appréciant la fraîcheur qui y règne.
C'est très curieux parce que la plupart des plantes gigantesques que nous rencontrons
sont minuscules chez nous et cultivées à l'intérieur des maisons dans des pots! On se
croirait dans le jardin de Pacôme de Champignac (voir "un sorcier à
champignac"
collection Spirou).
Nous revenons ensuite par la route de la côte Nord par une petite route de montagne où
chaque paysage rencontré est un véritable régal des yeux!
12 Octobre.
Nous reprenons la voiture pour visiter Santa Cruz
et surtout dans l'espoir de trouver des shipchandlers pour faire réparer le moteur de
notre annexe et acheter le petit matériel manquant pour faire la traversée.
Alizée et Mamy préfèrent se prélasser au bord de la piscine (on les comprend!).
La ville ne présente rien d'intéressant et nous cherchons un magasin d'accastillage
pendant des heures sans succès (le seul que nous avons trouvé est fermé!).
Nous reprenons donc notre tour en revenant par le parc national pour faire des photos du
Teide au coucher de soleil.
13 Octobre.
Nous profitons de la voiture encore une journée pour faire une
excursion à La Goméra.
Pour cela, nous prenons l'hydrofoil et embarquons la voiture.
Nous y serons en une demi-heure (nous mettons 4 heures pour la même distance à la
voile), c'est effrayant la vitesse que prend ce bateau, il fait un sillage de hors-bord,
toutes proportions gardées! Mais comme ce bateau n'est pas très stable, à chaque vague
un peu marquée, il prend un terrible coup de gîte et envoie d'un côté à l'autre les
observateurs qui se trouvent sur le pont arrière.
Nous arrivons à San Sébastian, la ville d'où Christophe Colomb
a entrepris en 1492 sa traversée vers l'Amérique.
Il ne reste plus beaucoup de traces de son passage, excepté la maison où il a logé,
mais qui est vide et n'illustre en rien son éventuel séjour.
Nous empruntons d'emblée la route du Parc National de Garajonay.
La Goméra est une petite île ronde occupée en son centre par le Parc National, elle est
née d'un ancien volcan, pratiquement intact. Les forêts recouvrent les deux tiers de la
superficie. Le Garajonay culmine à 1487m. Des crêtes déchiquetées disposées en épi
se dirigent vers l'océan.
Le parc National est une vaste forêt de cèdres où de nombreuses variétés végétales
se côtoient: on peut y observer des fougères, des lauriers, bruyères arborescentes,
pins et caoutchoucs.
Le climat qui y règne , l'altitude aidant , entretient un degré d'humidité élevé
propice au développement de la végétation.
La Goméra est reconnue parmi les patrimoines naturels de l'humanité par l'Unesco,
tout comme Lanzarote est nommée Réserve de la Biosphère.
De nombreux chemins de randonnée sillonnent le parc, nous en ferons une
partie profitant au max. de cette végétation luxuriante.
Pour dîner, nous nous arrêtons dans une petite auberge locale où nous pourrons
déguster les spécialités de l'île: la soupe canarienne à base de tomates et légumes
secs épaissie de Gofio (constitué d'un mélange de farine de
blé et de maïs et que l'on saupoudre sur la soupe à volonté), les patates pêtées au
gros sel (papas arrugadas), les côtes de porc grillées (élevage privé).
Nous aurons même droit à une conversation en Silbo, langage
sifflé unique à La Goméra. Ce langage a probablement été inventé par les populations
Guanches (les ancêtres des canariens qui étaient très grands et blonds ), il permet de
communiquer sur de longues distances dans un relief accidenté.
Les silbadores s'entendent, paraît-il à 8 km de distance, ce
moyen de communication est toujours d'usage chez les pêcheurs et les paysans.
Le temps se couvre et nous aurons droit à une pluie fine pendant la visite du parc (ce
n'est pas pour rien qu'il fait si vert!).
Nous revenons ensuite à Ténérife avec notre "Hors-Bord" local.
17 Octobre.
Nous invitons Papy à faire une petite sortie en voilier pour
aller observer les baleines.
Ce sont en fait des globicéphales noirs qui restent en
permanence au large de Ténérife.
Elles ne sont pas farouches et se laissent approcher facilement , nous pouvons les
observer tout un moment.
Des bateaux de touristes sont sur place, pour eux c'est un gagne pain facile, ils peuvent
garantir aux touristes qu'ils verront les baleines, c'est une aubaine pour eux.
Mais nous apprendrons plus tard qu'ils sont normalement les seuls à pouvoir approcher les
baleines.
Ils ont une autorisation spéciale délivrée par la police maritime (destinée à
sauvegarder les baleines, les visites incessantes pourraient les perturber).
Pour revenir, Papy prend la barre, il est en fait très doué pour la navigation, mais
comme Mamy a le mal de mer, il n'a pas beaucoup l'occasion de s'exercer.
18 Octobre.
A 16h, mes parents reprennent l'avion pour la Belgique.
La séparation est pénible, mais comme ils sont pensionnés, ils pourront certainement
nous rejoindre aux Antilles.
A bientôt Papy et Mamy!
19 Octobre.
Nous naviguons jusque La Goméra et nous installons à la marina
de San Sébastian.
C'est une marina moderne avec électricité et eau au quai et de plus nous disposons de
sanitaires très propres avec douches chaudes!
Nous profitons donc de cette opportunité pour travailler à l'ordinateur et pour avancer
dans les matières scolaires.
20-27 Octobre.
Il pleut des hallebardes à longueur de journée, heureusement
que nous sommes au port et que nous avons du travail au bateau!
Le 27 nous faisons les derniers préparatifs avant la traversée vers le Cap Vert.
Nous nous rendons chez le vétérinaire avec Titoune: elle doit recevoir son vaccin contre
la rage pour être acceptée dans les autres pays.
Ca n'a pas été sans mal, nous étions 4 à la tenir et malgré cela elle arrivait encore
à mordre le VT, on a dû employer les grands moyens et lui mettre une muselière!
Le VT nous a conseillé également de lui mettre une puce électronique pour l'identifier
en cas de perte.
Nous en sommes ressortis tout griffés, le VT en premier, il n'en revenait pas de la
vivacité d'un si petit animal!
Petit, mais costaud!
28 Octobre.
Nous naviguons jusque Hierro pour raccourcir notre traversée de
50 milles.
Nous arrivons dans un minuscule port de pêche entouré de coulées de lave rougeâtre et
dont les plages sont de sable noir.
Il pleut toujours, décidément nous n'avons pas de chance, on nous avait dit qu'il ne
pleuvait pratiquement jamais aux Canaries!
29 Octobre.
Il a encore plu toute la matinée, ce qui ne nous encourage pas
à partir.
Nous faisons les dernières courses de frais au cas où le temps se remettrait.
Nous prenons la météo sur RFI qui nous annonce de bonnes conditions pour la traversée:
3 à 5 beaufort, mer modérée, peut-être un orage isolé?
Finalement, le ciel se découvre vers 15 heures, nous nous décidons donc à partir,
Philippe et Cédric dégonflent l'annexe et l'attachent solidement sur le pont.
Alizée range à l'intérieur du bateau pour que tout soit bien calé, et moi je recouds
le cuir de la barre à roue qui s'était déchiré lors de la dernière traversée.
A 16 H tapantes, nous quittons le port en faisant nos adieux aux Canaries.
Le ciel est dégagé et la mer particulièrement calme (nous sommes encore sous la
protection de l'île), le vent tombe fortement, nous n'avançons pratiquement plus, nous
mettons la voile d'étai ce qui augmente notre vitesse de 2 nuds.
La nuit (il fait noir à partir de 18h), le vent forcit pour atteindre 4 B avec une mer
modérée (la houle commence à se former).
Nous enlevons la voile d'étai et commençons les quarts de nuit: comme d'habitude,
Alizée commence, ensuite Philippe et puis
moi et Cédric qui termine avec le lever du
soleil.
Il fait très froid et humide, pour faire les quarts, nous sommes obligés de mettre un
pull avec le ciré et un bonnet en fourrure polaire.
Nous essayons le radar, pour pouvoir éventuellement se reposer sans veiller en
permanence, nous branchons l'alarme à 5 milles.
Cette fois il n'a pas l'air de bien fonctionner, un cargo vient de nous croiser à moins
de 3 milles et il n'a pas sonné!
Nous abandonnons donc l'idée et reprenons la veille attentive.
Il était d'ailleurs temps d'éteindre les appareils et les feux , les batteries
sont pratiquement à plat!
Nous allumons une petite lampe à pétrole pour remplacer les feux de route.
30 Octobre.
Vent: 3à 5 beauforts
Mer: Modérée
Temps: couvert.
Nuit: 5-7 beauforts, mer agitée.
Faits marquants: Cédric a pêché une superbe daurade coryphène, il nous l'a préparée aux petits légumes, nous nous sommes
régalés et Titoune s'en est relêché les babines!
La nuit , le vent a commencer à monter d'une façon inquiétante, pourtant la météo
n'annonçait rien de pareil!
La mer devient forte avec une méchante houle croisée qui nous oblige de nouveau à
prendre la barre.
Nous prenons 2 ris dans la grand-voile et enroulons complètement le génois, malgré cela
, nous faisons encore des surfs de 9 nuds! C'est curieux ces conditions ressemblent
étrangement à celles que nous avons eues pendant la traversée vers les Canaries, pourvu
que ça ne dure pas longtemps, nous ne sommes qu'au 2ème jour (encore minimum 3 jours à
tenir).
Pendant le moment le plus agité de la nuit , nous avons vu un thon énorme (gros comme
une baleine) faire des cabrioles dans les vagues. Je me suis demandé l'effet que ça
ferait s'il venait à retomber sur notre bateau!
Vers 5 heures, le vent se calme un peu, nous pouvons donner le relais à Cédric.
1 Novembre.
Vent: 3à 5B
Mer : agitée
Temps: couvert
Nuit: 3-4, mer modérée
Faits marquants: Nous avons aperçu une petite tortue qui
nageait courageusement à la surface de l'eau.
La mer est un peu moins forte, ce qui nous permet de remettre le pilote automatique.
2 Novembre.
Vent: 3à 4B
Mer: calme
Temps: grand soleil
Nuit: 2-3 mer calme.
Faits marquants: pendant la nuit nous avons été
accompagnés par de grands dauphins gris.
Alizée a communiqué avec eux par sifflements à travers la paroi de la cabine avant!
3 Novembre.
Vent: 2à 3B
Mer: calme
Temps: grand soleil
Nuit: calme, mer modérée.
Faits marquants: pendant la journée nous profitons de conditions idéales, nous nous prélassons au soleil, un bon roman en
mains, bercés par le doux roulis, et tirés par notre
merveilleux spi!
La nuit , nous enlevons le spi et plaçons les voiles en ciseau, le génois tangonné,
nous filons à du 6-7 nuds, avec le pilote!
Philippe décide de faire les quarts tout seul , en dormant dans le cockpit avec l'aide du
radar (nous n'avons pratiquement pas rencontré de cargo jusqu'à ce jour). Pendant qu'il
s'assoupissait il a fait un terrible cauchemar: il était occupé à se faire égorger par
un chien, c'était en fait Titoune qui le mordillait pendant son sommeil!
Des dizaines de poissons volants se sont abattus sur le pont, Philippe est obligé de les
rejeter à la mer au fur et à mesure pour
éviter qu'ils ne s'étouffent.
4 Novembre.
Vent: 5B
Mer: agitée
Temps: ensoleillé mais visibilité nulle (brume de chaleur).
Faits marquants: TERRE,TERRE! a 16h nous apercevons les côtes du Cap Vert, les 10 derniers milles nous doutions un moment de notre route: on n'apercevait rien à l'horizon, il a fallut s'en approcher à 3 milles pour apercevoir Sal sortant de la brume. Nous avons mis 5 jours heure pour heure exactement comme nous l'avions prévu, je crois que nous avons bien avancé,
bravo Belle Lurette!
Arrivés au petit port de la Palmera, nous avons pété une bouteille de champagne pour
fêter notre première grande traversée, et puis avons pris un repos bien mérité
jusqu'au lendemain.
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5 Décembre.
Eh oui, cela fait déjà un mois que nous sommes au Cap Vert! Et
pourtant nous avons l'impression d'être arrivés hier, ici, nous faisons tellement de
choses que nous ne voyons pas le temps passer.
Nous avons visité Sal, Boa Vista, San Nicolao, Sao Vicente et San Antao, nous aurions
aimer visiter également Fogo qui est une île volcanique, mais le temps nous presse si
nous voulons arriver avant les fêtes de fin d'année aux Antilles.
Ici au mouillage de Mindelo, 50 bateaux attendent les bonnes conditions météo pour
partir, ceux qui partent vers le Brésil sont partis hier, mardi ce sera notre tour. Nous
serons 3 voiliers à naviguer ensemble, avec un autre Gin-Fizz, et un First 38 .
Nous espérons pouvoir rester en contact le plus longtemps possible (nous pouvons
communiquer par VHF).
La traversée vers la Barbade doit durer normalement une Quinzaine de jours si le vent est
favorable.
Nous pourrons vous donner de nos nouvelles assez régulièrement grâce à notre
téléphone par satellite, et notre ami Renauld les transcrira sur notre site dans
la page "communication".
Je n'ai pas mis le carnet de bord à jour par manque de temps, nous devons préparer le
bateau consciencieusement avant de partir et je n'ai pas la tête à cela.
Mais j'ai 15 jours devant moi pour le faire à mon aise et je vous promet que ce sera mis
à jour dès notre arrivée aux Antilles.
Croisons les doigts et à +...