Carnet de bord
Le Maroc
13 Septembre.
La météo annonce un temps calme dans le détroit, nous nous
décidons à partir.
Effectivement la mer est peu agitée et nous traversons le détroit sans problème.
La circulation dans le détroit est réglementée: c'est un peu comme sur la route, on
circule à droite et si on veut traverser, il faut attendre le rond point.(qui se trouve
à peu près en face de Tanger). D'énormes cargos nous dépassent sans arrêt et par
moment nous nous retrouvons en sandwich entre deux murs de 30 mètres de haut!
Nous arrivons à Tanger, un énorme port de pêche, dans le fond une petite place est
réservée aux plaisanciers de passage, nous nous dirigeons donc vers le " club
nautique". Deux voiliers se trouvent à quai, des français dont un que nous avions
rencontré à Gibraltar (le Marginal). On nous amarre à un bateau pilote en panne et
d'emblée nous recevons la visite des autorités à bord
(cette fois nous avions pris la précaution de hisser le pavillon de transit avant
d'arriver). Ils veulent entrer dans la cabine à tout prix, d'habitude les douaniers
restent sur le pont à moins qu'ils n'aient un mandat de perquisition (pourvu qu'ils ne
fouillent pas tout le bateau). En fait nous n'avions rien à cacher à part le chat, qui
était trop jeune pour être vacciné contre la rage, ça pouvait être une source
d'ennuis (mise en quarantaine), mais heureusement Alizée s'est arrangée pour l'occuper
dans la cabine avant pendant la visite de la douane.
Ils s'installent à la table du carré sans me laisser le temps de ranger quoi que ce soit
(après une navigation, en général c'est le désordre total) et nous demandent les
papiers du bateau et les passeports. Ils mettent un temps fou à tout éplucher et à tout
recopier (Philippe sue des gouttes comme des pièces de 5 francs) et nous font finalement
un permis de séjour.
Les douaniers nous demandent si nous avons des armes à bord, par précaution nous
déclarons notre Riot Gun en affirmant qu'il ne sert qu'à envoyer des fusées de
détresse. Curieusement ils nous laissent notre arme (ils ont emporté celle du voisin),
mais repartent avec nos passeports que nous ne récupèrerons qu'à notre départ de
Tanger.
De premier abord le port n'est pas très accueillant, il règne une atmosphère
très tendue. Dans le port de pêche il y a une activité débordante, telle une
fourmilière, des centaines d'hommes transportent des caisses des bateaux vers les
quais, d'autres réparent les filets et les nettoient. Partout il fait très sale, les
bateaux sont mal entretenus et il flotte une odeur (un mélange d'huile de moteur et de
poisson pourri) à peine supportable.
Nous descendons du bateau après avoir tout bien fermé, et nous dirigeons vers la
ville pour y faire une première reconnaissance. A peine sortis de l'enceinte du port, un
jeune homme mal habillé nous accroche et ne nous quitte plus jusqu'à ce qu'on accepte
qu'il nous fasse la visite de la ville. Nous fixons un prix (30 dirhams) cela nous semble
raisonnable.
Abdoul nous conduit donc dans les petites rues de la médina et nous fait visiter les
souks, le quartier des artisanats ainsi qu'un ancien palais. Il est très sympathique et
arrive à se débrouiller en plusieurs langues (même le flamand) sans avoir fait
d'études!
Il nous conduit ensuite dans une coopérative de tapis soi-disant pour la vue panoramique
que nous avons depuis la terrasse.
Mais il s'agissait en fait d'une arnaque, il nous dirige vers la salle de vente des tapis,
où ils nous font asseoir et nous offrent le thé à la menthe: signe de bienvenue.
Ils en profitent pour nous présenter des dizaines de tapis, superbes il faut le
reconnaître, mais dont le prix apparemment est très élastique. Venant d'arriver au
Maroc nous ne connaissions pas bien les prix et ne savions pas dans quelle marge
marchander.
Il est très difficile de résister aux commerçants marocains, ils vous présentent les
choses avec un tel doigté que vous avez l'impression de faire des affaires à chaque
fois.
Philippe, par précaution, précise que nous avons une belle sur marocaine et que,
si les prix ne sont pas honnêtes, on viendra le retrouver, du coup les prix tombent de
50%! Nous nous laissons tenter pour deux petits tapis et nous en recevons un troisième
pour le même prix. En sortant, nous avons l'impression d'avoir été volés, mais il
s'avèrera par la suite que les prix étaient tout à fait raisonnables et de plus nous
n'avons pas retrouvé de tapis d'aussi bonne qualité par la suite.
Abdoul nous conduit ensuite dans un restaurant typiquement marocain au milieu de la
médina, pour cela nous traversons des ruelles étroites et sales, les immondices
traînent au milieu du caniveau. Nous rencontrons une fontaine où des dizaines d'enfants
viennent chercher de l'eau avec des récipients de fortune (bidons de détergent) en
effet, ils n'ont pas l'eau courante dans les maisons, pourtant les gens sont bien
habillés et portent des vêtements propres.
Au restaurant, nous mangeons un menu traditionnel marocain: comme entrée nous avons une
soupe aux légumes (Harrira) ensuite nous avons le choix entre des brochettes d'agneau ou
des beignets de légumes sucrés, ensuite la tagine aux pruneaux et amandes ou le couscous
aux légumes.
Le tout accompagné de thé à la menthe (les boissons alcoolisées sont interdites dans
les pays musulmans excepté dans les hôtels internationaux).
Le repas terminé, Abdoul viens nous rechercher et nous reconduit au port en passant par
le marché berbère: immense marché où l'on trouve des centaines de produits frais
(légumes, fruits, viandes, ufs, épices...)
Nous le payons en lui donnant un peu plus que prévu, la visite avait été très
enrichissante pour un guide non qualifié.
Il existe en fait de vrais guides agréés par l'office du tourisme qui sont toujours
habillés en jellabah et portent un badge et sont donc prioritaires sur les faux guides
(encore faut-il qu'ils arrivent avant eux!).
Les guides faux ou vrais gagnent finalement bien leur vie si ils sont débrouillards.
Ils ont bien sûr l'argent de la visite, mais reçoivent des commerçants et restaurateurs
une commission chaque fois que nous achetons quelque chose, au bout de la journée, ça
doit déjà leur faire une belle somme.
Nous rentrons épuisés au bateau, Philippe part à la recherche d'une voiture de
location, accompagné de notre voisin français, pour visiter le nord du Maroc le
lendemain.
14 Septembre.
Nous partons avec le lever du soleil (5h du matin, heure locale)
et quittons la ville par de larges avenues, les alentours de la ville sont très sales,
des dépôts d'immondices se consument en laissant échapper des fumées nauséabondes.
Des milliers de sachets plastiques noirs jonchent le sol, accrochés aux arbustes et les
bergers emmènent leurs troupeaux de moutons et de bovins manger ce qu'il reste de
comestible.
Partout au Maroc, ils ont de gros problèmes avec leurs sacs plastiques, chaque fois que
vous achetez quelque chose, les commerçants vous donnent un sac plastique noir de très
mauvaise qualité: ils cassent tout de suite, ce qui fait que les gens ne savent pas les
réutiliser, or, ils récupèrent le moindre récipient vide (on voit même des gens
parcourir les dépôts pour récupérer certains objets). Il ne reste donc que les sacs
plastiques comme matériaux non dégradables dans les dépôts d'immondices, et comme
l'incinération se fait à ciel ouvert, les sacs volent partout et on les retrouve à des
kilomètres parsemés dans la nature!
C'est une véritable catastrophe écologique!
Si le gouvernement ne réagit pas très vite, ils vont être très rapidement submergés
et vont par après mettre des années pour nettoyer leur pays, qui est superbe, ce serait
dommage!
Nous arrivons à Tétouan: grosse ville possédant une partie
moderne où l'on trouve de grands immeubles et des écoles supérieures et une partie
ancienne, la vieille ville ou médina entourée de remparts.
A l'entrée de la vieille ville est organisé un grand marché où l'on peut trouver tous
les produits frais, mais aussi des ustensiles de cuisine et même du matériel scolaire:
cartables, cahiers, bics, etc...( eh oui, c'est la rentrée scolaire, au Maroc ils
rentrent le 15 septembre!).
Au Maroc, les enfants sont obligés d'aller à l'école jusque douze ans seulement, mais
en général l'école est bien suivie, tous les enfants font un effort pour aller à
l'école dès le plus jeune âge, même s'il faut parfois faire des kilomètres à pied
pour s'y rendre.
On rencontre souvent des petits bouts de choux de 6ans et parfois moins, marcher cartable
au dos à des kilomètres de toute habitation. Ce n'est pas comme chez nous, où l'on
tombe dans l'excès contraire et conduisons nos enfants en voiture, tous les matins à la
porte de l'école!
Nous pénétrons à l'intérieur de la médina par une vieille porte à travers les
remparts et d'emblée nous nous plongeons dans un autre temps, nous passons en quelques
mètres du 20ème siècle au moyen âge: des ruelles étroites et sombres s'entrecoupent
tel un labyrinthe, nous avons l'impression de tourner en rond, mais heureusement dans le
guide, ils nous donnent un truc pour en sortir facilement: lorsque le caniveau central de
la ruelle est composé de trois pavés parallèles, il s'agit d'une ruelle principale qui
mène nécessairement à une des portes de la ville, si il est composé de 2 pavés, il
s'agit d'une rue transversale, 1 pavé une ruelle secondaire qui ne mène nulle part et
arrive souvent devant la porte d'une maison.
Partout les rues sont très sales, les immondices traînent au milieu du caniveau, à tout
moment on s'attend à recevoir le contenu d'un seau hygiénique sur la tête! (nous sommes
au moyen âge). Est-ce le jour des poubelles où est-ce toujours comme cela?
Nous ne le saurons jamais, mais il est vrai que nous sommes très tôt le matin (7 heure
locale) et que le service de ramassage n'est peut-être pas encore passé!
Petit à petit, les commerçants ouvrent leurs portes, le quartier des artisans s'anime,
nous rencontrons de tout: le travail du bois, le cuir, le tissage, la récupération de
vieux métaux, le rembourrage des matelas (avec de la paille) etc...
Un peu plus loin, nous rencontrons les souks locaux, il s'agit en fait d'objets de
récupération trouvés probablement dans les dépôts d'immondices: vieilles poupées
défraîchies dont il manque un membre, vieux téléphones cassés, ferrailles de toute
sorte etc...(je me demande bien qui achète ce genre de chose?)
Nous visitons ensuite le musée des arts et traditions populaires.
Là nous avons l'occasion d'observer des instruments de musique rappelant qu'ici se
perpétue la tradition de la musique andalouse, dans une autre salle sont exposées des
poteries anciennes dans les tons de vert, jaune et bleu venant de Tétouan, Fès, Safi.
Une pièce entièrement aménagée représente la chambre de la mariée, à côté se
trouve la "boite" où l'on transporte la
future mariée dans sa nouvelle famille le jour de la
cérémonie.
Une partie du musée est consacrée aux costumes et à la vie des montagnards, on y
rencontre des costumes allant de la vie traditionnelle aux cérémonies de mariage.
Dans une petite pièce est représenté également un coin cuisine avec sa cheminée et
ses ustensiles utilisés dans la confection du couscous ou dans la préparation du thé.
Sont exposés également, d'anciens poignards et fusils de Fantasia ainsi que des selles
brodées de fil d'argent et d'or.
Nous montons ensuite dans le haut de la médina où nous aurons l'occasion d'acheter
d'excellentes pâtisseries locales.
Nous sortons ensuite de la ville en suivant une rue principale (3pavés) et reprenons la
voiture pour nous rendre à Chefchaouen.
Arrivés dans le bas de la ville, un homme en jellabah nous fait signe de nous arrêter
dans le parking, mais nous n'y prêtons pas attention et montons jusque la médina.
Nous sommes à peine parqués qu'un guide non-officiel se propose de faire la visite pour
30 Drhs, nous acceptons et nous dirigeons vers les portes de la ville lorsque l'homme en
jellabah arrive tout essoufflé et s'impose pour faire la visite en montrant son badge!
(il s'agissait en fait d'un guide officiel qui avait fait un sprint pour ne pas se faire
prendre la place!).
Il nous propose un prix entre 150 et 200 Drhs pour la visite de la vieille ville, nous
refusons en disant que c'est trop cher et que nous ferons la visite sans guide!
Il se fâche et nous demande de proposer un prix, nous proposons 50 Drhs, il hésite et
finit par accepter.
Nous pénétrons dans la médina par de larges portes en bois travaillé. L'intérieur de
la médina est très différent de Tétouan, les ruelles sont claires et propres, la
plupart des maisons sont peintes en bleu et blanc (comme en Grèce).
Nous rencontrons comme dans la plupart des médinas, les 5 éléments de la religion
musulmane: la mosquée ou le minaret, les bains (hammam), la fontaine, le four à pain et
l'école coranique pour les jeunes enfants(de 3 à 6 ans).
Nous traversons ensuite le quartier des artisans où nous pouvons observer le tissage de
tapis et couvertures de laine.
Le village se trouve sur le flanc d'une montagne dont la paroi calcaire surplombant la
médina, offre un superbe contraste avec la végétation entourant l'oued Laou.
Le guide nous invite à remonter l'oued jusqu'à sa source où se trouve le réservoir
d'eau douce de la ville.
Les abords du ruisseau sont couverts de végétation et de fleurs (lauriers roses). Nous
rencontrons le long d'espaces aménagés, de petites filles lavant le linge et les tapis
de laine, mais aussi des tapis vinyles (c'est plus facile à entretenir).
J'essaye de faire une photo, mais elles se détournent et réclament de l'argent (c'est le
côté désagréable du Maroc).
Le lavage du linge est réglementé: les célibataires ont une portion de la rivière le
plus près de la source, plus bas ce sont les orphelins, ensuite les femmes et les filles.
Les alentours de l'oued sont superbes, mais malheureusement peu entretenus, des immondices
jonchent les abords du ruisseau , alors qu'il serait si facile de les ramasser
régulièrement.
Apparemment l'écologie ne fait pas encore partie du quotidien !
Nous arrivons au réservoir de la ville, le point le plus haut de l'oued, il fait
très frais et ombragé par de grands arbres, des aires de repos sont aménagées pour les
moments de canicule en plein été.
Nous redescendons ensuite dans la ville et rencontrons les bains, ils sont fréquentés le
matin par les hommes et l'après-midi par les femmes, les musulmans sont tenus d'y aller
au moins une fois par semaine avant d'aller prier à la mosquée, entre-temps il existe
des douches publiques pour la toilette quotidienne.
Nous passons ensuite en face du four à pain, chaque famille fait encore
traditionnellement le pain tous les jours et va le porter au four public pour le cuire
(dans les grandes villes la tradition se perd et l'on peut acheter du pain dans les
magasins).
Nous descendons ensuite jusque la place du village pour visiter la Kasbah, mais elle est
fermée, nous rentrons quand même avec l'insistance du guide et nous payons l'entrée,
mais ne recevons pas de ticket (apparemment c'est un arrangement entre le guide et le
garde de la kasbah, les visites appartenant à l'état).
Nous visitons seuls la Kasbah, dans la cour intérieure, se trouve un agréable jardin où
sont plantés de grands palmiers.
Moins agréable à l'époque, se trouve à proximité, la prison où l'on peut encore
observer les chaînes fixées aux murs que l'on mettait aux poignets et aux chevilles des
prisonniers (ou au cou).
Nous demandons ensuite au guide de nous trouver un petit restaurant typique pour dîner
(il est en fait 17h , mais ici on mange à toute heure). Il nous emmène dans un resto
marocain pour touristes, des groupes d'allemands viennent y manger.
Cela ne nous plaît pas trop, mais nous restons quand même, nous avons trop faim.
Nous retournons au bateau par une route sinueuse, partout le long de la route, des jeunes
nous interpellent pour nous vendre du hachisch, la drogue est fort répandue dans le Nord
du pays, pourtant la police est partout, les risques sont importants.
Arrivés au port, nous nous apercevons que notre bateau a changé de place: il se trouve
maintenant en 4ème position à couple de nouveaux arrivés. Nous devons donc traverser 3
bateaux pour atteindre le nôtre.
Philippe ramène la voiture et nous nous couchons de bonne heure pour être en forme pour
la navigation du lendemain.
15-16 septembre.
Nous décidons de partir de bonne heure pour Casablanca (une
journée + une nuit de navigation), mais avant de partir, il faut récupérer les
passeports, Philippe part à la recherche des douaniers et revient avec les passeports.
Les douaniers, fâchés pour une raison inconnue (probablement parce qu'ils n'ont pas eu
de bag chiche) nous obligent à partir de suite et lâchent nos amarres alors que nous ne
sommes pas prêts!
Nous essayons de remonter l'ancre qui était mouillée à l'arrière, mais elle reste
coincée, un des bateaux à couple avait mouillé son ancre par- dessus la nôtre (chose
fréquente dans les ports bondés).
Nous arrivons finalement à nous dégager et partons un peu déçus de l'accueil local!
Nous naviguons par mer calme et sans problème, pendant toute la journée je me sens un
peu nauséeuse, c'est curieux pourtant je n'ai jamais le mal de mer. Vers 23H je remets
tout mon souper, je crois que ça va passer, mais hélas, ça ne fait que commencer.
Pendant toute la nuit je me tape une gastro-entérite monstrueuse, je n'ai jamais été
malade à ce point là!
Cédric et Philippe sont obligés de se partager mon quart. Le lendemain matin nous
arrivons en face du port de Mahommédia (normalement c'est une nouvelle marina, mais nous
n'avons pas les renseignements), je crie grâce (j'ai perdu plus de 10 litres de liquide
et suis complètement épuisée) et demande qu'on essaye de s'arrêter et d'appeler un
médecin.
En arrivant, le responsable du port nous dit qu'il n'y a pas de place, mais en insistant
en disant que j'ai besoin d'un médecin, on nous installe dans le prolongement d'un autre
bateau.
Un français installé au port se propose gentiment d'aller chercher le médecin.
La consultation révèlera bien une infection gastro-intestinale causée probablement par
la nourriture du restaurant de la veille.
Avec un traitement de choc , je serai sur pieds le lendemain, mais avec 4kg de moins
perdus dans la bataille!
17 Septembre.
Cette fois ce sont Cédric et Philippe qui sont ramassés,
curieusement Alizée est épargnée.
C'est probablement la salade d'aubergines que nous avons mangée en entrée, puisque
Alizée n'y a pas touché.
Nous faisons donc une journée de repos forcé avant d'entamer les visites du centre du
pays.
18-19 septembre.
Nous louons une voiture et partons pour 2 jours visiter
Meknès et Fès.
En sortant du port nous nous apercevons que Mohammédia est une station balnéaire
récente, mais totalement abandonnée, de larges avenues bordées de palmiers sont
désertes, la plupart des villas sont inoccupées et inachevées.
Certaines sont même squattées par les sans-abri du coin!
Sur la route de Rabat (capitale du Maroc), on rencontre des
policiers tous les 200m, on comprendra par après que le roi devait emprunter cette route
qui était donc surveillée de près (les routes sont nettoyées et tout badaud est
écarté) l'autoroute sera même bloquée un moment pour le laisser passer!
Arrivés au centre ville nous cherchons l'office du tourisme, mais en vain, le bâtiment
est complètement abandonné depuis deux ans (la capitale du Maroc!).
Nous visitons donc ce que bon nous semble, nous commençons par la mosquée
Hassan et le Mausolée de Mohammed V.
Cette mosquée devait être la plus grande d'occident mais elle ne fut jamais terminée . Laissée à l'abandon, elle tomba peu à peu en ruine et les habitants de la kasbah venaient y prélever des matériaux . Il ne reste maintenant plus d'elle qu'un cimetière de
colonnes et un minaret inachevé de 44m de haut (il devait en
compter 60) .
En retrait par rapport à la mosquée se trouve un grand bâtiment blanc aux portes
gardées qui doit être le mausolée, nous y
entrons .
Le tombeau du roi se trouve dans une vaste chambre funéraire que surplombe une galerie
courant le long des murs de marbre, richement décorés, la salle est couverte d'une
somptueuse coupole d'acajou et de cèdre revêtue de feuilles d'or.
Les portes de l'esplanade sont gardées par des cavaliers chevauchant de magnifiques
arabes-barbes.
Nous traversons ensuite la médina en passant par le marché dont les odeurs de poisson
réveillent nos nausées fraîchement maîtrisées. Nous passons ensuite dans les souks de
tapis abrités sous une superbe galerie de verre.
Sortant de la médina nous tombons sur la Kasbah des Oudaïas,
superbe forteresse entourée de murailles épaisses
parfaitement conservées. Cette
citadelle doit son nom au fait qu'un contingent de la tribu des Oudaïas y fut installé
par les sultans alaouites pour y tenir garnison et surveiller la ville.
Nous faisons la visite en compagnie d'un guide filiforme et nonchalant, qui écourte la
visite probablement pour faire sa sieste.
Il nous emmène quand même voir une vue superbe du port à partir des remparts.
Le port ne peut plus vraiment porter son nom étant donné qu'il ne procure plus aucun
abris pour les navires: il est ensablé et d'énormes rouleaux s'écrasent en permanence
sur la plage (ce qui fait la joie des surfeurs, même le roi en faisait partie dans sa
jeunesse).
Nous repassons ensuite par le jardin des oudaïas, son enceinte
fortifiée par Moulay Rachid voyait jadis une grande agitation: gardes, palefreniers,
esclaves, gens du caïd et du sultan s'y affairaient. Mais tout est calme à présent dans
l'agréable jardin andalou aménagé au début du siècle. Baignant au passage une vieille
noria, l'eau coule paisiblement parmi les terrasses étagées, plantées de citronniers,
de cyprès et de daturas. Sur les remparts, tapissés de volubilis nichent des cigognes
(absentes du nid en
cette saison).
Nous reprenons ensuite la voiture pour visiter la Chella qui se
trouve aux portes de la ville.
Cette ancienne ville romaine fut reconvertie au 13è siècle en tombeaux des souverains
Mérinides.
La muraille rougeâtre de pisé, comporte des tours aménagées en chambres de tir.
Au pied de la nécropole se trouve une source miraculeuse gardée par des anguilles et des
tortues sacrées (encore visibles à cette époque).
Le superbe minaret orné de mosaïques abrite également un nid de cigognes.
La Chella possède un magnifique jardin ombragé où nous mangeons notre sandwich avant
d'entamer la seconde partie des visites.
Arrivés à Meknès , nous sommes impressionnés par l'imposante
muraille qui entoure la ville impériale, nous entrons par l'une des majestueuses portes
d'entrée et d'emblée cherchons le Haras national réputé pour posséder de superbes
chevaux barbes-arabes. Au haras, le garde d'entrée nous dit que c'est fermé, mais que le
lendemain nous aurons l'occasion de voir une vente aux enchères et une fantasia à partir
de 9h du matin.
Nous cherchons donc un hôtel à Meknes pour passer la nuit et être sur place pour le
lendemain.
A l'hôtel nous faisons bonne chère à prendre nos aises dans un vrai lit et surtout à
prendre un bain royal d'au moins une heure chacun (le premier depuis 2 mois et demi).
Les enfants en profitent également pour regarder la TV en français sur TV5 et devinez ce
qu'il y a au programme?
Thalassa! On aurait peut-être préféré une émission sur la montagne ou le pôle
Nord...
Le soir nous dînons à l'hôtel, mais sommes un peu déçus par le menu un peu trop
européen: asperges au vinaigre, steak-frites salade, crème caramel. Heureusement la
carte présente 2 ou 3 spécialités marocaines: brochettes d'agneau et tagines, mais
accompagnées de purée de pdt!
Le lendemain nous nous présentons donc à 9h devant le haras, mais nous avons affaire à
un autre garde qui ne veut pas nous laisser entrer, après une bonne demi-heure de
discussion nous obtenons finalement l'autorisation d'entrer.
La fantasia était déjà commencée, nous avions donc raté la vente aux enchères,
dommage Alizée aurait bien voulu connaître les prix des chevaux arabes. Mais nous
avons quand même la chance d'assister à un concours de chevaux harnachés en tenue
de fête (voir page
équestre).
Après la visite des écuries, nous prenons la route de Fès. A
peine arrivés à l'entrée de la ville, un jeune homme en mobylette nous interpelle et
nous dit de le suivre pour visiter la ville.
Il nous emmène d'abord sur un point de vue où l'on peut observer la médina et les
différentes curiosités avant de nous y plonger.
Nous visitons ensuite une fabrique de poteries et carrelages en mosaïque. Nous y
observons le four où l'on entasse les carrelages en céramique avant de les porter à
haute température.
Des pièces superbes de fontaines et tables en mosaïques sont en construction, c'est un
véritable travail de patience où chaque élément est posé à la main.
Nous repassons ensuite dans le magasin de la fabrique où des dizaines de poteries dans
les tons de bleu et blanc sont exposées.
Philippe feuillette un catalogue de tables de jardin en mosaïque, le vendeur nous affirme
qu'il peut nous les envoyer par colis en Belgique pour un prix tout à fait raisonnable.
Nous poursuivons ensuite notre visite en retournant dans la médina, Hassan, notre jeune
guide est un peu trop pressé et c'est au pas de course que nous passons dans les ruelles
étroites où se trouvent les souks. En fait, il n'a qu'une idée en tête: nous faire
acheter quelque chose pour avoir un maximum de commission et on a beau lui dire que nous
n'avons besoin de rien, il s'évertue à nous conduire dans le quartier des artisanats et
essaye de nous faire entrer dans chaque boutique!
Nous visitons ensuite une superbe médersa:
les médersas sont des sortes d'universités religieuses d'origine iranienne, elles sont
apparues en occident au 13è siècle.
Elles ont pour fonction de loger les étudiants et de leur assurer un isolement propice au
travail et d'entretenir leur piété.
L'enseignement , basé sur la théologie, le droit et la rhétorique, répandait les
doctrines approuvées par l'Etat et par l'Islam; il préparait aux fonctions politiques,
judiciaires et religieuses.
Elles étaient construites suivant le plan de la plupart des habitations: les chambres
étaient disposées autour d'une cour centrale ouverte. Le petit bassin qui l'agrémentait
était destiné aux ablutions avant la prière.
Les étudiants disposaient également de plusieurs salles de travail. Ils avaient une
maigre ration alimentaire et vivaient pour le reste aux dépens de leur famille ou du
profit de quelques travaux.
Hassan nous conduit ensuite (toujours en courant) au quartier des tanneries
et nous attend un peu plus loin (il a le cur fragile). Nous montons sur la terrasse
d'un magasin de cuirs pour avoir une vue d'ensemble des tanneries, l'odeur tenace qui s'en
dégage nous agresse d'emblée, on nous donne des feuilles de menthe à respirer pour
éviter d'avoir des hauts le cur.
Nous pouvons observer toutes les étapes de l'entretien des peaux jusqu'à la finition
destinée à la maroquinerie.
De grandes cuves rondes sont disposées les unes à côté des autres telles les alcôves
d'une ruche d'abeilles.
Elles sont remplies de liquides de trempage, soit un mélange acide à base de fientes de
pigeons pour nettoyer et assouplir les peaux. Elles sont ensuite teintes dans d'autres
cuves avec des teintures naturelles, les hommes qui y travaillent n'hésitent pas à
s'y plonger jusqu'aux cuisses. Ce métier est extrêmement éprouvant tant par les vapeurs
qui s'en dégagent que par le contact de la peau avec des produits mordants.
L'espérance de vie pour ce type de travail est de 40 ans!
Nous demandons ensuite à Hassan de quitter la médina et de nous conduire dans un petit
restaurant où nous pourrons prendre un repas frugal avant de retourner au bateau (la
route est longue et il va bientôt faire nuit).
Hassan nous scie tout le trajet pour retourner à la fabrique de poteries et acheter une
table en mosaïque.(nous n'avons pas acheté suffisamment à son goût).Il n'a pas encore
compris que nous n'en voulons pas et surtout que nous ne sommes pas Rothschild!
Il nous arrête devant un restaurant chic et nous lui donnons congé. Nous entrons pour y
observer la carte et nous apercevons que notre ami n'a pas encore renoncé à nous faire
dépenser un maximum, le moindre plat coûte 200 Drhs, alors qu'ailleurs le même plat en
fait 50!. Nous nous confondons en excuses auprès du restaurateur et sortons décidés à
faire la route le ventre vide.
En nous voyant remonter dans la voiture du coin de la rue, Hassan consterné, nous fait de
grands signes, mais en vain, nous sommes définitivement partis!
Décidément ce sera une mauvaise journée pour lui!
Sur la route du retour, nous sommes pris dans une tempête de sable appelée Shagir et
craignons pour notre bateau, qui est mal amarré au port et surtout seul depuis 2 jours.
Mais heureusement en arrivant nous sommes rassurés, il a bien tenu, mais il tombe des
hallebardes (eh oui, même au Maroc), et c'est trempés que nous rejoindrons notre
chez-nous.
20 Septembre.
Lorsque nous nous réveillons, le bateau est couvert d'un
mélange de sable et de terre rouge, un nettoyage s'impose!
Nous branchons le tuyau et lavons le bateau à grandes eaux.
Ensuite nous travaillons au bateau pour l'école et pour mettre à jour le carnet de bord.
21 Septembre.
Nous mettons le cap sur Essaouira (1
journée+1 nuit +1journée de navigation).
En quittant le port nous faisons face à.une houle de 3m 50 de haut, qui nous accompagnera
jusqu'à la tombée du jour.
Heureusement la houle est longue et ne déferle pas, nous avançons à du 6 nuds de
moyenne.
Pendant la nuit l'écume des vagues d'étrave est tachetée de milliers de petits points
phosphorescents. Ce sont de minuscules algues qui reflètent la lumière de nos feux
avant, le bateau semble glisser sur de la poudre magique!
22 Septembre.
Nous arrivons à Essaouira vers 18h, l'entrée du port n'est pas
évidente, de gros rouleaux s'écrasent sur l'île de Mogador et sur les remparts de la
ville.Une brume épaisse enveloppe toute la côte. Un passage étroit s'impose entre les
rochers, mais nous préférons attendre qu'un bateau de pêche nous montre le chemin pour
nous y aventurer (il n'existe pas de guide nautique du Maroc!). Nous suivons donc de loin
un chalutier rentrant et nous apercevons que subitement il accélère avant de passer le
môle d'entrée. Peu après nous sommes obligés de faire la même chose: un fort courant
nous prend de travers et nous pousse vers les rochers, nous mettons le moteur à fond et
tournons à angle droit après avoir dépassé le môle d'entrée.
Nous arrivons dans un petit port de pêche plein comme un uf, un seul voilier se
trouve amarré à un chalutier en panne.
Ce sont des français qui entreprennent le même voyage que nous.
Nous nous amarrons à couple de ce bateau, le seul endroit où le tirant d'eau est
suffisant à marée basse.
Ici les marées sont importantes, pour sortir du bateau à marée basse, nous devons
grimper sur une échelle de fer branlante de 6m de haut avant d'atteindre le haut du quai.
Comme d'habitude, nous recevons d'emblée les autorités du port: police, gendarmerie et
douane défilent dans le carré pour faire les papiers d'entrée.
Le policier recopie nos papiers avec une lenteur agaçante et nous oblige à faire de gros
efforts de mémoire pour remonter de 3 générations notre arbre généalogique, pour lui
donner les noms et prénoms de nos arrière- grands-parents!
Faites l'exercice vous-mêmes, je ne sais pas si vous y arriverez!
Cette fois le douanier emporte notre carabine en précisant bien que nous la
récupérerons à notre départ (ouf!).
Pendant toute la visite des autorités Titoune a été impossible, échappant des mains
d'Alizée, elle n'arrêtait pas de grimper au pantalon des hommes et à sauter au beau
milieu de leurs papiers!
Heureusement, les marocains adorent les chats, ils en ont partout et les nourrissent
régulièrement.
Les chats du port se nourrissant de restes de poissons et de rats traînants, sont d'une
race s'apparentant davantage aux lions qu'aux chats: ils sont énormes et très musclés
(pauvre Titoune!).
23 Septembre.
Nous nous réveillons au milieu de l'agitation du port: les
pêcheurs vendent leurs poissons à la criée et nettoient leurs filets.
Nous faisons une première reconnaissance de la ville, Essaouira est une ville très
accueillante: de larges rues claires mènent aux
portes des remparts.
Une grande place blanche accueille les marchands nomades.
Nous passons par le quartier des pêcheurs: il s'agit d'une enfilade de tables blanches et
bleues installées le long de la jetée.
Chaque pêcheur possède un étal et un barbecue. Il vous suffit de choisir parmi les
produits de sa pêche et il vous le grille directement. Vous le dégustez ensuite à sa
table, avec une petite salade de tomate et un peu de pain.
Très sympathique! Et surtout le poisson est on ne peut plus frais, un vrai régal!.
Nous avons opté pour les crevettes grillées en entrée et ensuite un turbo pour nous
quatre et un bar en prime offert par le pêcheur.
Nous faisons ensuite une promenade digestive dans les rues de la ville. Les artisans
travaillent le bois (racines de thuyas) et font de très jolis objets: figurines, coffres
à bijoux, plumiers, chevalets, cadres etc...
Nous trouvons également beaucoup d'artistes locaux, ils font notamment de magnifiques
aquarelles aux couleurs pastel se prêtant bien au paysage.
Nous retournons ensuite nous reposer au bateau et faisons la connaissance de nos voisins
français.
24 Septembre.
Le matin nous visitons la Skala du port
(plate-forme d'artillerie).
Une muraille imposante munie de créneaux et d'échauguettes, défendait le port contre
les attaques venant de la mer.
On y voit encore une enfilade de canons armoriés.
La tour d'angle qui la domine nous offre un panorama superbe sur la baie, les îles et
également les terrasses des maisons de la ville.
Il paraît que Orson Welles est venu tourner ici certaines scènes de son film Othello,
qu'il présenta au festival de Cannes en 1952 et pour lequel il obtint la Palme d'or.
Nous redescendons la rue de la Skala et passons sous d'impressionnantes voûtes de pierre
avant d'atteindre le quartier des ébénistes où nous pouvons les observer au travail.
Nous revenons ensuite dîner au bateau.
L'après-midi Cédric, Alizée et Philippe entreprennent une promenade à cheval dans les
dunes d'Essaouira, je n'en fais pas partie pour la bonne raison que je ne sais pas bien
monter et que, au Maroc, on ne monte que des chevaux entiers, donc particulièrement
nerveux. Je tiens à garder mon dos en bon état jusqu'à la fin du voyage!
Alizée vous racontera cette après-midi plus en détails dans sa page équestre.
25 Septembre.
Nous louons une voiture pour visiter le Sud du Maroc.
Nous partons ici pour 5 jours, laissant notre bateau à la bonne garde de jeunes gens
habitant sur le bateau de pêche auquel nous sommes amarrés.
Comme nous partons pour longtemps notre Titoune fera partie du voyage, pour ce, nous
emportons tout son petit matériel (boites, graviers, harnais).
Notre circuit commence par Marrakech, sur la route, nous
rencontrons de nombreuses fabriques d'objets en osier, nous en profitons pour acheter un
panier pour transporter Kitty en toute sécurité.
Arrivés à Marrakech, nous commençons par chercher un hôtel pour éviter de faire les
visites avec le chat.
La plupart des hôtels sont complets, nous ne trouverons finalement qu'une chambre de 3
lits dans un petit hôtel du centre.
Nous y lâchons Kitty, tout heureuse de se dégourdir les pattes ailleurs que dans
l'espace réduit du bateau.
Nous visitons en premier le Palais de la Bahia (la
"Belle").
Comme la plupart des palais arabes, agrandis peu à peu sans plan d'ensemble, la
distribution des cours et des appartements est assez désordonnée. Un dédale de couloirs
et d'escaliers relie entre-elles d'innombrables pièces de dimensions très inégales.
Parmi elles, nous observerons la cour des communs où un agréable jardin d'orangers, de
cyprès et de jasmins y est planté; la cour d'honneur autrefois réservée aux femmes du
Vizir; la salle du conseil, surplombée d'un magnifique plafond aux poutres sculptées et
peintes; l'appartement de la favorite richement décoré de peintures et de zelliges.
Nous nous dirigeons ensuite par d'étroites ruelles dans la médina vers Dar
Si Saïd et le musée des arts marocains.
Cette belle grande demeure convertie en musée expose une multitude d'objets
intéressants: des portes et coffres en bois de cèdre provenant de maisons du haut Atlas,
une balançoire traditionnelle à 4 nacelles.
Dans certaines salles sont exposés également de belles pièces de bijoux en argent
ciselé, des lampes à huile, des cuirs brodés, des poteries et marbres, mais également
des tapis du Haouz et différentes armes et harnachements berbères.
Nous traversons ensuite les remparts pour rejoindre les tombeaux Saâdiens:
splendides mausolées où reposent les membres de la dynastie saâdienne (fin du 16è S).
Mais la partie la plus attrayante de Marrakech, reste sans nul doute la place
Jemaa!
Cette place ne trouve pas son pareil dans les autres villes que nous avons visitées.
Dés son abord nous sommes pris par son ambiance et son activité débordante. De la
terrasse du "Café de France", nous prenons un rafraîchissement tout en
observant l'agitation avant de nous y plonger à notre tour.
Tout en déambulant, nous rencontrons des marchands d'épices, de fruits secs, mais aussi
d'amulettes et potions magiques de toutes les vertus. Des échoppes nous proposent
également des jus d'oranges fraîchement pressés.
Nous sommes attirés par des attroupements autour de personnes racontant des histoires
captivantes, à voir le visage concentré des auditeurs, dommage qu'elles soient en arabe!
D'autres font des jeux de hasard dont le règlement nous échappe. Nous avons même droit
à des démonstrations acrobatiques, tels les baladins dans une autre époque.
Nous sommes ensuite interpellés par des charmeurs de serpents, dont l'un d'eux vient
pousser l'audace jusqu'à poser un des spécimens sur les épaules de Cédric (Brrr!).
Alizée fait la même expérience, mais cette fois avec de petits singes apprivoisés
(nettement plus agréable).
Partout, nous avons également l'occasion de nous restaurer: brochettes, poissons
grillés, soupes marocaines, beignets etc...
C'est à moitié étourdis et émerveillés que nous quittons cet endroit enchanté pour
rejoindre notre hôtel où notre Titoune nous attend bien sagement.
26 Septembre.
Nous troquons notre Peugeot 205 pour une 4X4 Pajero de 6 places
pour faire le Tizi-N-Test et les pistes du désert.
Nous nous dirigeons vers Agadir où nous devons rejoindre Eric (le frère de Philippe) en
empruntant la route de montagne.
Le col du Test est l'une des 3 grandes voies traditionnelles de pénétration vers le Sud
marocain (les autres étant le Tizi-n-Tichka et la vallée du Ziz).
Elle escalade le Haut Atlas et fait communiquer le Sous (au sud) et le Haouz (au Nord) en
utilisant notamment la haute vallée de l'oued N Fiss.
Autrefois ce chemin jouait un rôle important: ce passage difficile pouvait être
aisément verrouillé par les populations
montagnardes.
Nous empruntons donc cette route escarpée de Asni vers Taroudant.
La montée vers le col (2092m) nous offre des paysages variés, à chaque virage, nous
apercevons des roches de couleurs différentes: elles sont tantôt rouges ou mauves,
tantôt vertes ou argentées. La végétation abondante et verte de la vallée se raréfie
et se spécialise plus nous montons.
Sur la route nous rencontrons de petits écureuils de montagne: ils sont vifs, mais
finalement peu farouches, nous pourrons les observer et les filmer pendant de longs
moments.
La montagne est également parsemée d'anciennes Kasbah, la
plupart abandonnées, elles sont parfois nichées tels des nids
d'aigles sur leur promontoire.
Nous apercevons ensuite sur la rive droite du NFiss, la silhouette de la
mosquée de Tinmel
Pour la rejoindre, nous empruntons un petit chemin de terre, nous permettant ainsi de
tester le 4X4 avant les pistes du désert.
La mosquée de Tinmel a été construite en 1153 pour accueillir la dépouille de Ibn
Toumert.
Mais, de la prestigieuse mosquée de jadis, il ne reste en fait que les murs d'enceinte,
le minaret, la nef de la qibla et quelques
colonnes intérieures.
Dommage, parce que ce sera la seule mosquée que nous pourrons visiter, l'accès des
mosquées étant en général réservé exclusivement aux musulmans.
Nous reprenons ensuite la route de montagne et nous arrêtons un peu avant le sommet pour
manger notre pique-nique et surtout pour laisser Titoune se dégourdir les pattes et faire
ses besoins. Elle est décidément très sage et s'adapte à toute situation!
Au sommet du Test, un belvédère nous offre un panorama superbe d'où nous pouvons
observer la grande plaine du Sous comme effondrée 2000m plus bas et limitée à l'horizon
par l'Anti-Atlas.
Un petit café, perché sur le sommet nous permet de prendre le thé et d'observer de
beaux spécimens d'améthystes (variété de quartz mauve).
Nous redescendons ensuite vers Taroudant , rencontrant des
végétations très changeantes: des chênes verts, nous passons par une steppe à
arganiers ensuite , après le village d'Oulad-Berrehil, s'épanouissent de riches
plantations d'orangers et de citronniers bordées d'eucalyptus.
La route est encadrée par le Haut-Atlas à droite et l'Anti-Atlas à gauche, laissant
derrière, le massif volcanique du Jbel Siroua.
Nous rejoignons ensuite Taroudant et longeons ses remparts crénelés pour nous diriger
ensuite vers Agadir où nous cherchons d'emblée un hôtel pour passer la nuit.
Agadir est une ville moderne très touristique, mais ne
ressemblant en rien aux autres villes marocaines, elle n'a rien d'intéressant à visiter.
De part sa proximité avec l'aéroport, elle est fréquentée surtout par les touristes
fatigués, venant se reposer sur les nombreuses plages de sable blanc et profiter de
l'excellent climat en toute saison.
Le soir, nous allons chercher Eric et Jamila à l'aéroport.
Eric, le frère aîné de Philippe est professeur de Français et a travaillé comme
coopérant pendant 7 ans au Maroc (c'est d'ailleurs là qu'il a connu sa femme Jamila,
originaire de Safi).
Il travaille maintenant au Cap Vert et est venu nous rejoindre quelques jours au Maroc
pour nous faire visiter les coins les plus intéressants du désert.
Les visites nous serons facilitées d'une part parce qu'il connaît déjà le pays pour y
avoir fureté pendant de longues années et d'autre part parce que Jamila s'exprime
facilement en arabe et en berbère et nous sera donc d'une aide précieuse, surtout
lorsqu'il faudra communiquer avec les nomades du désert.
27 Septembre.
Nous partons donc à 7 (avec Titoune) pour Tafraout.
Pour cela , nous empruntons une route goudronnée à travers la montagne.
Le paysage est très vert et parsemé de petits villages en pisé. Sur la route, nous
rencontrons un moulin à huile au travail:
il s'agit d'une énorme roue de pierre actionnée par un âne, la roue écrasant des
olives, le jus est récupéré dans des cuves.
Jamila nous introduit auprès d'eux et ils nous proposent très gentiment de goûter
l'huile avec un morceau de pain.
A Oumesnat, nous aurons l'occasion de visiter une maison traditionnelle.
Au cur d'un petit village accroché à la falaise rose, cette maison est la seule
encore entretenue, les autres maisons anciennes sont malheureusement à l'abandon.
Pour rejoindre la maison des Ameln, nous empruntons un sentier qui traverse des jardins
ombragés composés de figuiers, d'amandiers et de palmiers et dont les senteurs exotiques
nous flattent les narines.
Arrivés à la porte de la maison, un guide aveugle nous accueille et nous explique d'une
manière très compétente les différentes
parties de la maison et la vie d'autrefois.
Cette maison est construite sur plusieurs niveaux à l'aide de pierres, d'argile et de
cailloux, son plafond est constitué de roseaux et les poutres qui soutiennent l'édifice,
d'arganiers et de palmiers.
Au rez-de-chaussée, on peut voir les étables où l'on mettait le bétail (vaches,
moutons) dans l'obscurité à l'abri des insectes.
Sont exposés également, des moulins de pierre dont on se servait pour extraire l'huile
d'argane, pour moudre le café, le henné
ou l'orge dont la farine sert pour faire le pain ou le
couscous.
On peut observer également des ustensiles de cuisine: tajines, couscoussiers et aussi des
jarres d'argiles qui contenaient du beurre, du miel ou du raisin.
A l'étage se trouve le foyer central entouré d'un couloir et des chambres. Le four
servait à la fois de cuisinière et de chauffage central, en hiver les habitants
dormaient dans le couloir sur des tapis pour profiter au maximum de la chaleur du feu.
Le lit du bébé est fait d'un petit hamac suspendu au plafond pour éviter la visite des
scorpions et serpents (brrr!).
L'étage possède aussi une grande terrasse qui était très fréquentée en été, aussi
bien pour manger que pour dormir dans la fraîcheur de la nuit.
Le Guide nous emmène ensuite dans une pièce qui servait de salon, entièrement
aménagée comme à l'époque: coussins, tapis, nécessaire pour faire le thé. J'ai même
eu l'occasion d'essayer un costume traditionnel des paysannes berbères: très jolie
jellabah noire entièrement brodée de motifs
dorés. Avec mes cheveux blonds dépassant du
drapage et mes yeux bleus, je ne fais pas très berbère, c'est plutôt Jamila qui aurait
dû poser pour la photo!
Après cette visite très enrichissante, nous repartons pour Tafraout.
Perché à 1000m d'altitude au cur de l'anti-atlas, le petit village est creusé
dans le granit rose et est entouré de palmiers dattiers, de petits champs d'orge,
d'arganiers, amandiers et caroubiers.
Nous dînons dans un petit restaurant très typique: il s'agit de tentes berbères où
sont installées des tables basses et des
coussins. Nous y mangeons un excellent couscous.
Même Titoune, très appréciée par le restaurateur, aura droit à son assiette de
poulet! Dans le village, nous aurons l'occasion d'acheter des produits d'artisanat locaux:
un sac à dos berbère fait en peau de boeuf et dont les anses sont en poil de chèvre
(nous en avons vu un semblable à la maison traditionnelle), Alizée a également acheté
des babouches en cuir naturel avec l'aide de Jamila. On préfère la laisser s'occuper du
marchandage: elle a une technique infaillible, le résultat est surprenant.
Pour le même article, elle arrive à faire descendre les prix de 75% par rapport à nous!
La technique est la suivante: elle entre dans la boutique, et demande le prix, elle
discute ensuite (en marocain bien sûr) avec tellement d'ardeur qu'à certains moments on
se demande si ils ne vont pas se battre. Le vendeur en général ne descend pas
suffisamment le prix d'emblée, elle sort ensuite du magasin l'air très fâchée en
disant que c'est trop cher et qu'il ne lui faut pas.
Le vendeur paniqué court après elle, en promettant un meilleur prix et finit par lâcher
le morceau!
Mais attention, ça ne marche que si vous avez la tête du pays, les blonds aux yeux bleus
n'ont aucune chance!
Nous remontons ensuite dans la jeep et empruntons la piste jusque Irhem.
Pour notre début dans les pistes
nous n'avons pas de chance, la route est en construction et nous devons rouler sur
d'énormes cailloux et sommes secoués comme des pruniers.
Nous poursuivons notre route dans des paysages devenant de plus plus en plus arides,
excepté le long des oueds et à proximité des villages, où des palmiers , arganiers et
autres arbustes sont plantés.
Le soir tombant nous rejoignons une partie de route goudronnée. Heureusement, car
là-bas, la nuit il fait vraiment très noir, on n'y voit rien et la route peut réserver
des surprises.
En passant dans les villages, nous pouvons observer les coutumes des habitants à la
tombée de la nuit: partout le long de la route, nous rencontrons des groupes de femmes ou
d'hommes (jamais les 2 ensemble) habillés de bleu et de noir, discutant dans
l'obscurité, c'est très curieux et surtout très différent de nos habitudes
européennes où le soir les gens s'enferment chez eux et regardent la T.V. Ils ont bien
sûr un climat propice à la vie à l'extérieur et ont davantage l'occasion de faire
connaissance avec les autres habitants du village.
Ils ont une vie bien plus saine que la nôtre, ils vivent dans un pays superbe, se
nourrissent de légumes naturels et de bêtes qu'ils élèvent eux-mêmes et n'ont pas le
stress que nous connaissons.
Nous arrivons enfin à Tata, où nous nous arrêtons au premier hôtel rencontré, le
relais des sables: très bel hôtel avec une cour intérieure et une palmeraie. Les
chambres sont disposées par groupes de 6 autour d'un petit jardinet, ce qui fait
l'affaire de Titoune que nous pouvons lâcher en toute sécurité.
Un groupe de Belges se trouve à l'hôtel en même temps que nous, aller aussi loin pour
entendre parler Flamand, il faut le faire!
28 Septembre.
Arrivés à Agadir-Tisin't, nous sommes
arrêtés par des douaniers qui contrôlent les entrées dans le désert, nous
aurons le même contrôle à la sortie à Tagounit (c'est en même temps une certaine
sécurité pour les voyageurs qui s'y aventurent, ils savent au moins s' ils en sont
ressortis dans un délai raisonnable!).
A proximité du village se trouve une cascade se jetant dans de petits bassins en
paliers, entourés de palmiers.
Ce lieu est superbe et procure beaucoup de fraîcheur dans un endroit aussi aride.
Les enfants s'y baignent et les habitants profitent de cette importante réserve d'eau
douce, qui est une aubaine aux portes du
désert!
Après avoir admiré cet endroit, nous empruntons vraiment la route du désert, cette fois
c'est du sérieux!
Cette route est très peu fréquentée: il passe en moyenne un véhicule tous les dix
jours, donc si nous tombons en panne, il va falloir se débrouiller avec les nomades.(le
GSM ne fonctionne pas, donc pas de secours possibles)
Mais en fait, nous ne nous sentons pas seuls, partout nous rencontrons des berbères et
les enfants nous arrêtent sur la route
pour avoir des cadeaux.
Souvent ils réclament des stylos, c'est curieux parce qu'ils ne doivent pas en avoir
beaucoup l'usage, ils ne vont pas à l'école et surtout ne possèdent certainement pas de
papier pour écrire!
C'est en fait l'influence des Rallyes 4X4 qui passent à travers le désert, ils ont
l'habitude de jeter des bics en passant, mais comme ils ne s'arrêtent pas, ils
occasionnent beaucoup d'accidents.
Des enfants s'approchant trop près se sont fait écraser dernièrement.
Heureusement nous étions au courant et avons fait une bonne provision de bics avant
d'emprunter le désert.
Malgré cela, nous sommes très vite tombés à court, les enfants sont souvent nombreux:
lorsqu'on s'arrête, il y en a un ou deux et puis on en voit arriver de partout en
courant.
Nous avons vu une petite fille de 3-4 ans faire 500m à travers les cailloux en courant et
tout cela à pieds nus.
Comment ne pas s'arrêter et leur donner quelque chose après cela?
Les enfants du désert sont superbes, très noirs de peau, mais les traits fins, de grands
yeux parfois couleur sable, et les cheveux hirsutes noirs aux reflets auburn. Les garçons
ont un chèche noir et la tenue bleue, ils portent une gourde en peau à la ceinture.
Les petites filles elles, portent de jolies robes en laine, dans les tons de rouge-ocre et
portent souvent un pantalon en dessous pour se protéger des insectes. Elles sont
mignonnes comme tout et très gentilles contrairement aux enfants des villes qui
vous harcèlent sans cesse et deviennent même agressifs.
Nous rencontrons des paysages très variés; nous traversons des plaines de cailloux, des
régions plus montagneuses et plus vertes et longeons toute une partie de dunes de sable.
C'est très difficile d'avoir les mots justes pour les décrire, tellement c'est
grandiose, c'est pourquoi je préfère vous les laisser
admirer sur les photos.
On pourrait croire que le désert est dépourvu de faune, mais c'est faux: nous avons eu
la chance d'observer des dromadaires et des ânes sauvages, des rapaces, des perdrix qui
se cachaient en dessous des buissons et même des iguanes.
Eric a même piqué un sprint à travers les cailloux pour en photographier un, mais
l'animal était très vif et a disparu rapidement dans un terrier.
Nous avons également trouvé une carcasse de dromadaire que nous avons reconstituée pour
la photo.
A peu près à mi-distance, nous avons rencontré un minuscule village (même pas indiqué
sur la carte).
Nous nous sommes arrêtés à proximité d'une petite école. L'instituteur est sorti
d'emblée de sa classe pour venir nous rencontrer, trop content de pouvoir discuter avec
nous (surtout entre enseignants).
Pour lui, la vie n'est pas facile. Il vient de finir ses études et a été désigné pour
commencer sa carrière au milieu du désert, loin de toute civilisation: pas
d'électricité, pas de communication possible avec sa famille.
C'est avec le cur gros qu'il nous a vu repartir, il aurait voulu que nous restions
plus longtemps, mais pour nous le temps était calculé, nous étions déjà légèrement
en retard sur l'horaire, nous avons du faire une partie de nuit.
C'est très difficile de rouler dans le désert la nuit, les pistes ne sont pas toujours
bien marquées, souvent la piste se sépare en deux parce qu'un des deux chemins est moins
carrossable et on ne sait pas toujours si elles se rejoignent plus loin.
Lorsqu'on traverse un oued, le chemin ne se continue pas toujours en face, il faut donc
chercher sur la berge en face avec les phares de la voiture.
Avec Eric, nous étions en confiance, mais nous étions quand même un peu angoissés à
l'idée de devoir passer la nuit sur place.
Quelques Km avant le premier village, nous tombons sur deux motocyclistes dont le
véhicule était en panne. Nous leur proposons de les conduire jusqu'au village. Seul le
vieux monsieur a accepté, le jeune a préféré essayer de réparer sa mobylette. Le
vieil homme était enchanté de ne pas devoir faire le trajet à pied en pleine nuit (on
le comprend!).
Nous sommes finalement arrivés à Zagora vers 10h du soir, nous
nous sommes arrêtés dans un superbe hôtel entièrement en pisé et avons mangé un bon
couscous avant de s'écrouler sur notre lit, fatigués, mais contents!
29 Septembre.
Philippe et les enfants, très courageux, se sont levés à 5h du
matin pour faire une ballade en chameau dans la palmeraie avant de repartir. Il paraît
que ça en valait la peine: le paysage était superbe au lever de soleil!
Nous sommes repartis sur la route de Ouarzazate (goudronnée cette fois -ci), en suivant la
vallée du Dra.
Nous passons d'abord rendre visite au gardien des "52 jours", c'est en fait un
ancien panneau de signalisation, indiquant une distance de 52 jours à dos de chameau pour
arriver à Tombouctou.
Le gardien, possède une boutique où il vend la tenue complète de l'homme bleu du
désert pour poser devant la pancarte.
Ce que nous avons fait, toujours avec l'aide de Jamila.
Cette route est magnifique, partout nous rencontrons de grandes palmeraies, nous en
profitons pour acheter une caisse de dattes fraîchement cueillies. Les villages sont
également très jolis, les maisons sont en pisé et de nombreuses Kasbahs sont en bon
état. C'est pourquoi les réalisateurs choisissent cette région pour tourner les films
arabes.
Certains films connus ont été tournés ici: "Ali Baba et les 40 voleurs",
"Lawrence d'Arabie", "Sodome et Gomorrhe", "Jésus-Christ de
Nazareth", "Moïse" etc...
Arrivés à Ouarzazate, nous nous arrêtons dans un petit hôtel
marocain avec un superbe jardin intérieur entièrement fermé, ce qui fait la joie de
Titoune qui fait de terribles sprints suivis de longues glissades dans les allées
carrelées.
Sur place nous visitons la kasbah de Taourit, véritable ville
fortifiée, elle se dresse au-dessus de la vallée avec ses tours carrées, percées de
petites ouvertures et dentelées de créneaux.
Nous rejoignons ensuite Eric, Jamila et Alizée qui ont préféré se reposer à l'hôtel,
il faut dire que le rythme des visites de ces derniers jours était un peu trop serré.
Il nous aurait fallu plus de temps pour se reposer entre les visites, mais on ne saurait
pas tout faire (budget oblige), 5 jours, c'est déjà bien.
Le soir, réunis autour d'une bonne tagine, nous téléphonons à notre Mémère qui va
avoir 91 ans, eh oui, c'est dur pour elle de voir tous ses petits enfants courir le monde,
loin d'elle!
30 Septembre.
Dernier jour de visite, ce soir , nous devons rendre la jeep à
Essaouira.
Pour retourner, nous empruntons la route du Tizi-n-Tichkat.
Véritable réplique du Tizi'n Test, mais en direction du Sud -Est, le col du Tichka perce
le Haut Atlas au début de sa partie centrale, faisant communiquer Marrakech avec la
grande dépression Sud-Atlasique et les percées sahariennes, par l'intermédiaire du
carrefour de Ouarzazate.
Après quelques Km , nous bifurquons à droite pour prendre une petite route montagneuse,
parsemée de chênes verts et de genévriers, pour nous rendre à Telouèt
C'est par cette route que passaient les caravanes allant de Marrakech à
Ouarzazate avant la construction de la route du Tizi'n Tichkat. C'est pourquoi nous y
rencontrons une importante Kasbah occupée durant un siècle par la famille du Glaoui.
La petite kasbah primitive s'était agrandie, pour devenir l'ensemble impressionnant que
l'on peut voir aujourd'hui, tout à la fois forteresse, château et caravansérail.
Nous visitons la partie intérieure encore bien conservée, mais qui mériterait quand
même d'être entretenue, tout est laissé à l'abandon, à la bonne garde d'une seule
personne possédant l'impressionnante clef de la grosse porte d'entrée!
Nous y pénétrons donc en compagnie du garde et visitons les salles de réception
richement décorées de stucs et de zelliges.
De belles fenêtres grillagées de fer forgé nous permettent d'admirer la campagne
avoisinante.
Nous montons ensuite sur la terrasse et admirons encore le paysage étonnamment vert qui
avoisine le village et les hautes cimes qui cernent le plateau.
Nous reprenons la route et nous arrêtons dans un village où s'organise un grand marché
pour acheter de quoi faire un pique-nique, nous trouvons un morceau de méchoui chaud, du
pain frais et quelques fromages Kiri.
Sur la route de Marrakech, nous aurons l'occasion d'acheter des pommes et des noix aux
petits enfants vendeurs occasionnels, mais attention ils poussent quelques fois les prix
un peu exagérément lorsqu'il s'agit de voitures de touristes.
Entre Marrakech et Essaouira nous achèterons également des paniers de raisins venant des
cultures locales.
Arrivés à Essaouira nous sommes surpris par la différence de température, il fait
froid et venteux, nous sommes obligés d'enfiler un pull!
Notre bateau est toujours bien là, en bon état, les jeunes gens qui le gardaient ont
bien fait leur travail.
Le soir, avant de nous séparer à nouveau, nous mangeons un couscous royal dans un petit
resto marocain.
Des musiciens jouent de la musique traditionnelle et chantent sous un rythme très
entraînant.
Jamila s'y met à son tour en les accompagnant avec un tam-tam.
L'ambiance est fantastique et nous laisse un souvenir inoubliable avant de quitter le
Maroc.
1 Octobre.
Nous faisons nos derniers achats à Essaouira et préparons le
bateau pour la traversée vers les Canaries.
Le bateau est recouvert de dépôts de diesel lourd venant des échappements des bateaux
de pêche, nous sommes obligés de le nettoyer énergiquement, mais malheureusement la
plupart des taches ne partent pas et laissent des traces jaunâtres sur le pont.
_
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Le 27 Octobre.
Eh oui, je suis en retard pour le carnet de bord!
Il y a deux raisons à cela: la première est qu'au Maroc, nous n'avions pas le temps de
rédiger, parce que nous étions soit en visite , soit en navigation. La deuxième , c'est
un problème technique lié à l'ordinateur: notre chargeur 12V ne fonctionne pas et
jusqu'ici nous n'avions pas la possibilité de nous brancher sur le 220V (seules les
marinas modernes offrent cet agrément).
Nous sommes maintenant aux Canaries, à la Gomera, l'île d'où Christophe Colomb a
entrepris la traversée de l'atlantique.
Notre bateau se trouve confortablement amarré dans la marina de San Sébastian, et nous
travaillons sur notre site grâce au 220V . Les enfants eux, essayent d'avancer un maximum
pour l'école avant de se lancer pour les longues traversées (la météo ne leur
permettra peut-être pas de travailler en navigation).
Pour l'instant, le beau temps nous a un peu abandonnés, il pleut depuis trois jours, mais
heureusement on annonce déjà une amélioration pour demain. Nous attendons une météo
favorable pour la traversée vers le Cap Vert, pour l'instant une houle énorme, venant
des perturbations du Nord , nous empêche de partir.
Demain, nous rejoindrons Hierro, pour nous rapprocher encore un peu du Cap Vert , ce qui
nous fera une traversée de 5 jours au lieu de 6. Nous vous donnerons d'autres nouvelles
dès que nous serons au Cap Vert!
A bientôt, et merci pour tous ceux qui nous envoient des E-mails, malheureusement nous ne
pouvons pas vous répondre, ça ne fonctionne pas, par contre nous pouvons s'il le faut ,
vous répondre par l'intermédiaire du site , dans le chapitre "communications".
P.S: rassurez-vous je complèterai le carnet de bord dans 15 jours!